Tunisie | Arrestation du juge Mourad Messaoudi

Dans le communiqué reproduit ci-dessous et qu’il a publié dans la soirée du vendredi 16 août 2025, le Centre pour le respect des libertés et des droits en Tunisie (CRLDHT), une Ong tunisienne basée à Paris, dénonce l’arrestation du juge Mourad Messaoudi qu’elle qualifiée d’«enlèvement».

Dans une escalade grave, le juge et président de l’Association tunisienne des jeunes magistrats Mourad Messaoudi a été enlevé et violemment agressé vendredi devant son domicile à Ezzahra.

Selon les témoignages de sa famille, des agents de sécurité en civil l’attendaient en embuscade et, dès son arrivée vers 13h, alors qu’il était accompagné de sa petite fille âgée de 6 ans, ils sont intervenus brutalement pour l’arrêter. Ils ont tenté de lui couvrir la tête avec un tissu afin de dissimuler son visage, mais les membres de sa famille sont intervenus pour les en empêcher. Les agents ont alors agressé physiquement sa nièce et frappé sa belle-mère.

Il a été emmené de force vers une destination inconnue, sans que sa famille ni son avocat ne soient informés de son lieu de détention ou des raisons de son arrestation. Les premières informations laissent penser que cette opération pourrait être liée au jugement en appel le condamnant à 8 mois de prison pour «achat de parrainages».

Mourad Messaoudi, connu pour ses positions fermes en faveur de l’indépendance de la justice et son refus des révocations arbitraires qui ont touché 57 juges en 2022, est depuis longtemps la cible d’une campagne systématique de harcèlement et de poursuites. Bien qu’un jugement administratif ait ordonné sa réintégration, les autorités ont refusé d’exécuter la décision. Ce jugement lui confère pourtant légalement le statut de magistrat, et donc le bénéfice de l’immunité judiciaire.

En juillet 2024, il avait annoncé sa candidature à l’élection présidentielle sous le slogan «Tunisie : pays de liberté, d’amour, d’art et de beauté», mais les autorités de fait ont empêché sa participation en le condamnant dans une affaire fabriquée dite d’«achat de parrainages», le sanctionnant de 8 mois de prison et d’une interdiction à vie de se présenter à toute élection.

Nous tenons les autorités tunisiennes pour pleinement responsables de son intégrité physique et psychologique, et exigeons qu’elles révèlent immédiatement le lieu de sa détention, la raison de son arrestation et procèdent à sa libération sans condition. 

Nous appelons également les organisations nationales et internationales de défense des droits humains, ainsi que les instances onusiennes chargées de l’indépendance de la justice et de la protection des défenseurs des droits humains, à agir de toute urgence face à cette grave violation.

Paris, le 15 août 2025.

Communiqué.

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