Cinéma | La voix de Hind Rajab résonne encore

Dans le dernier film de de Kaouther Ben Hania, ‘‘The voice of Hind Rajab’’ (Grand prix du jury de la Mostra de Venise 2025) surgit la voix fragile, bien réelle, d’une fillette gazaouie de six ans, prisonnière d’une voiture criblée de balles et jonchée de cadavres. Son appel de détresse, ténu mais bouleversant, transperce l’atrocité environnante et brise le quotidien amer des employés du Croissant-Rouge palestinien à l’autre bout du fil.

Atef Gadhoumi *

Les secours n’étaient pourtant qu’à huit minutes de distance : huit petites minutes qui auraient suffi à arracher la fillette à l’enfer. Mais un protocole implacable, dicté par l’armée d’occupation israélienne, suspendait sa vie à un feu vert incertain — ce sésame insaisissable, perdu dans les arcanes cruels d’un dédale opaque de directives inflexibles.

Que l’attente fût interminable pour Hind, élève de l’école élémentaire «Le Bonheur des enfants», dans la classe des Papillons. Tapie sous la banquette arrière, livrée à elle-même, privée d’eau et de nourriture, au point de mire de chars ennemis, elle s’accrochait à la vie comme à un souffle errant, porté, apaisé, par les voix attentives d’Omar, de Rania et des autres.

Entre espoir et désespoir, colère et résignation, les secouristes restaient suspendus à ce fil fragile d’un appel téléphonique salvateur. Leur délivrance ne vint qu’au début de la soirée, lorsque l’ambulance parvint enfin à se frayer un chemin à travers un corridor «sécurisé», saturé d’horreurs, et s’approcha dangereusement de la voiture de Hind, parmi les décombres…

Puis, soudain, un bruit sourd : un obus jaillit du canon d’un tank haineux. Tout se figea dans un silence assourdissant.

La fillette s’éteignit. Et pourtant, ni les 355 tirs de Tsahal, ni la monstruosité qui l’entourait, n’avaient pu étouffer la voix de Hind Rajab, elle résonnait encore, indomptable, dans le cœur de ceux qui l’avaient entendue, et de ceux qui avaient vu le film, telle un cri lancé à la communauté internationale, accusée de silence et d’impuissance face à la barbarie.

* Expert techno-pédagogue.

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