Tunisie : le gouvernement continue de gonfler la masse salariale

Le gouvernement tunisien se promet de «maîtriser» les coûts salariaux au cours de l’année prochaine, sachant pertinemment qu’il n’a jamais réussi à le faire jusque-là, puisque la masse salariale du secteur public n’a cessé de croître depuis 2011. Et qu’elle va encore augmenter en 2024, selon les prévisions du budget de l’Etat.

La maîtrise de la masse salariale d’une administration prolifique, souvent corrompue et inefficace, est d’ailleurs l’une des principales réformes que le gouvernement s’est engagé à mettre en œuvre dans le cadre de son programme de crédit auprès du Fonds monétaire international (FMI), tout en se gardant de faire le moindre pas dans ce sens.

C’est aussi l’une des raisons qui ont retardé sinon renvoyé aux calendes grecques l’accord du conseil d’administration de l’organisme prêteur pour cet improbable prêt, qui semble d’ailleurs avoir été carrément oublié, y compris par le gouvernement tunisien, qui ne l’a pas inscrit dans son projet de loi de finances de 2024.

Preuve que le gouvernement populiste de Kaïs Saïed n’est pas en mesure de mettre en route cette réforme fondamentale qu’il sait impopulaire, qui plus est la veille d’une nouvelle élection présidentielle, le gouvernement prévoit d’augmenter encore la masse salariale du secteur public de pas moins de 4,1% par rapport à 2023, en «limitant» (sic !) les embauches à 13 586 postes, avec la mise en œuvre d’un ensemble de réformes urgentes et l’application de la loi du 15 septembre après l’accord 2022 trouvé avec l’Union générale tunisienne du travail (UGTT).

On parle donc de limitation des embauches (la belle affaire !), et non de réduction de la masse salariale ou de la baisse des dépenses publiques, comme il est recommandé par tous les experts pour réduire la dépense de l’Etat des prêts extérieurs et intérieurs.

Ces chers ronds de cuir de l’administration publique, notamment ceux du ministère des Finances, ne peuvent concevoir de réduire… leur train de vie. Pour financier la boulimie financière de l’Etat, ils vont donc continuer d’endetter le pays et d’hypothéquer l’avenir de ses enfants et de ses jeunes.

Le gouvernement expliqué sa démarche de réduction des coûts salariaux dans son rapport sur le budget de l’État 2024, qui prévoit que 6 000 personnes seront intégrées en 2024 dans le cadre des mesures de régulation de la situation des ouvriers des chantiers, faisant porter le nombre de salariés du secteur public à 656 000.

Afin de mettre en œuvre ce «fantastique» plan de réduction des charges salariales à près de 23,7 milliards de dinars (MMDT) en 2024 (excusez du peu !), soit près de 13,5% du produit intérieur brut (PIB) et 39,6% des dépenses du budget de l’Etat, en légère réduction par rapport à 2023, le gouvernement recommande de rationaliser le programme d’augmentation des salaires, qu’il se garde, bien entendu, populisme oblige, d’envisager leur suppression pure et simple jusqu’à ce que l’état des finances publiques le permettront de nouveau.

Le gouvernement envisage (pour envisager, il est très fort, mais la réalisation n’est jamais garantie !) une augmentation d’environ 1 milliard de dinars par rapport à 2023, en raison des recrutements prévus pour 2024 et de l’ajustement des recrutements pour 2023 de 270 millions de dinars (MDT) et de l’impact financier annuel du programme général d’augmentation des salaires de 780 MDT.

Le gouvernement consacrera 100 MDT aux promotions en 2024, modifiera les promotions pour 2023 et 300 MDT aux retraites en 2024 et ajustera les retraites pour l’année dernière.

Les nouvelles embauches sont réparties entre 2 372 postes pour le ministère de l’Éducation, 3 094 pour le ministère de la Défense, 1 998 pour le ministère de l’Intérieur, 820 pour la formation des diplômés et 3 000 postes pour le ministère de la Santé.

I. B.

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