Le poème du dimanche : ‘‘Retiens ta langue’’ de Patrick Williamson

Né en 1960 à Madrid, Patrick Williamson est poète et traducteur anglais. Vit à Paris. Recueils de poésie récents : ‘‘Here and Now’’ et ‘‘Take a deep look’’ (Cyberwit.net, 2023-2022) ; ‘‘Traversi’’ (anglais-italien, Samuele Editore, 2018).

Éditeur et traducteur de ‘‘Turn your back on the night : Ten poets from French-speaking Africa and the Arab World’’ (The Antonym, 2023), ‘‘The Parley Tree : Poets from French-speaking Africa and the Arab World’’ (Arc Publications, 2012); ‘‘Quarante et un poètes de la Grande-Bretagne’’ (Ecrits des Forges/Le Temps de Cerises).

Membre de l’agence littéraire transnationale Linguafranca et du conseil européen de The Antonym.

Lucio est rongé par la solitude. La Calahorra

est la demeure du dialogue, les oiseaux

jacassent dans les arbres, à minuit entre les pierres.

Derrière les grandes portes closes les spectres des assassinés,

des exilés, des persécutés, se glissent dans l’ombre.

des jacinthes poussent dans les fentes ruisselant de sang.

Remonte ta manche, montre-moi

les chiffres auxquels tu as échappé, ceux que j’ai fuit.

je me tords, pris

dans un cauchemar inextricable de murs chaulés.

Mon silence rompu par des cris d’angoisse. Bestia

je tourne en tous sens dans mon donjon, des décisions

irrévocables

Traîné dans la lumière froide, enfoui dans les foules

qui déferlent,

portes closes. Tiens ta langue.

Qui possède

ce gâchis de vies. Souvenirs, noms,

cet album photo de soldats entre eux, ce Talmud

de regards qui vous glacent dans un monde disparu

Traduction de Claude Held

Extrait de ‘‘Hold your Tongue/Retiens ta langue’’ (Ed. L’Harmattan, 2014).

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