Le poème du dimanche : ‘‘Donne-moi le droit d’avouer’’ de Jaâfar Majed

Né en 1940 à Kairouan et mort le , Jaâfar Majed est poète, essayiste et universitaire. Homme de culture et de radio, co-fondateur de l’Union des écrivains tunisiens.

Une voix de la littérature tunisienne, marquée par la poésie d’amour, le ghazal, entre chant de beauté et mélancolie. Son œuvre, importante, mêle réflexions, biographies, et travaux de vulgarisation.

A publié des recueils de poésie (en arabe) dont : Des étoiles sur le chemin, 1968;  Demain le soleil se lèvera, 1974; Les idées, 1981; Fatigue,1993.

Tahar Bekri

La mer demanderait peut-être beaucoup après toi cet été

Et moi je ne demande pas après toi maintenant

Tu t’endors encore dans le monde de la peur

Et moi je marche contre le soleil

J’erre dans le désert de l’illusion me noue de tristesses

Je te cherche encore et tu es là

Me tuant par le silence et le secret

Si tu étais le début

L’Histoire ne se serait abîmée  

Ni l’homme en peine

***

Que puis-je te donner sauf ma douleur ?

J’ai mal

Tu es tout le droit tout le désir toute la dureté toute la tyrannie

Regretter marcher sur un chemin coupé

Me servent-ils?

J’ai égaré le chemin de Dieu vers toi

J’ai frappé à la porte du diable

Rien ne se refait

Donne-moi le droit d’avouer et laisse-moi

Si je disais je t’aime une seule fois

Cela me suffirait

Epi du rêve assassiné

Si je soufflais sur la braise

D’où s’allumerait le feu

Epi du rêve assassiné

Dois-je veiller sur ton ombre dans la brûlure de l’âge

Afin que le vent se durcisse et commence le déluge

Epi du rêve assassiné

Oublions-nous que la vie de l’univers est provisoire

Que la mort est reine

Epi du rêve assassiné

Si tu étais le commencement

L’histoire ne se serait abîmée 

Ni l’homme en peine !

Traduit de l’arabe par Tahar Bekri

Revue A-chi’r,  n°13, 1986.

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