La scène artistique et culturelle tunisienne vient de perdre le grand peintre plasticien Sadok Gmach, décédé ce vendredi 9 août 2024 à l’âge de 84 ans.
Né le 2 août 1940 à Takrouna, village amazigh perché sur une petite montagne au milieu d’une plaine herbeuse et fleurie où il a puisé sa sensibilité artistique, Sadok Gmach a commencé à peindre dès la fin des années 1950. Il était proche des peintres de l’Ecole de Tunis, mais il n’a jamais fait partie de cette école qui regroupait les fondateurs de l’art tunisien moderne : Ammar Farhat, Ali Bellagha, Zoubeir Turki, Hedi Turki, Abdelaziz Gorgi et d’autres auxquels il vouait un grand respect, mais ne se privait pas de critiquer leur démarche artistique, trop folklorique à son goût. Pour s’en démarquer, sur les plans artistique et philosophique, il a cofondé, en 1962, le Groupe des Six, qui comptait, entre autres, Nejib Belkhodja et Lotfi Larnaout, et se donnait pour mission d’exprimer l’âme tunisienne moderne avec une plus grande liberté d’inspiration.
«Le défunt a provoqué un grand changement dans le concept d’authenticité à travers ses peintures qui ont développé une esthétique enracinée dans l’esprit de son époque», a écrit le ministère des Affaires culturelles dans la nécrologie qu’il a consacrée à Sadok Gmach. Et d’ajouter : «Ses personnages et ses couleurs sont portés par un rythme singulier profondément enraciné dans l’identité culturelle et esthétique locale».
Le peintre Sami Ben Ameur a écrit de son côté sur sa page Facebook que les peintures du défunt se caractérisent par une sorte de «figuration abstraite». «Il dit souvent qu’il peint le silence. Et il a longtemps dirigé la Galerie Yahya relevant de la municipalité de Tunis et organisé de nombreuses expositions personnelles en Tunisie et à l’étranger», ajoute-t-il, en rappelant que sa dernière exposition a été organisée à la galerie Mosaïque à la Cité Ennasr en 2020 et qu’il avait publié un livre regroupant un grand nombre de ses travaux entre 1963 et 2014 sous le titre ‘‘Cinquante ans et plus’’.
I. B.