Le poème du dimanche : ‘‘Vêpres’’ de Henry Bauchau

Né en 1913 à Malines, en Belgique, Henry Bauchau, est poète, romancier, nouvelliste et dramaturge de langue française. L’une des figures majeures de la littérature belge.

Son œuvre, importante, aux accents chrétiens, est marquée par l’occupation allemande qui détruit la maison familiale dans le Louvain.

Militant contre la guerre, il s’oppose au colonialisme en Algérie, travaille pour l’éditeur Edmond Charlot et se lie d’amitié avec Albert Camus et Jean Amrouche.

Sa poésie évolue peu à peu vers les philosophies extrême-orientales, mêlée à une foi mystique. Il décède en 2012.

Il a notamment publié Géologie (Gallimard, 1958); Célébration (L’Aire, 1992); Poésie complète (Actes Sud, 2009).

Tahar Bekri

Deuil et mélancolie sous tes yeux ne sont

plus ténèbres

Et la sombre musique du temps à ta voix

redevient brillante.

Il est vrai que la grâce du matin ne disparaît

point à l’heure du soir

Et que le soleil déclinant éclaire encore le sol

modeste

J’ai dépensé ma force et fatigué ce jour

est-ce que peine d’amour pouvait être perdue ?

Dans ce vallon planté de pins et d’oliviers

la mémoire compose

Le château du mélèze et la rencontre aventureuse.

Aujourd’hui comme hier, c’est l’heure du couchant

La déclivité de l’automne, l’odeur de l’herbe

Et l’assentiment de la nuit.

Il te suffit que je me taise

Rien ne peut plus nous séparer si je travaille

ta présence.

Et je sais que dans ton sommeil

On entend parfois la vie comme un arbre

Rire merveilleusement en rêve et tout en larmes.

La pierre sans chagrin, l’Aire, 1966.

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