Selon une étude réalisée par l’Institut arabe des chefs d’entreprise (IACE), la diversification du secteur touristique tunisien, qui reste encore dominé par le balnéaire, en exploitant de nouveaux segments à fort potentiel, pourrait générer un chiffre d’affaires total d’environ 13,17 milliards de dollars d’ici 2030, soit 24,45 % du chiffre d’affaires total du secteur.
Les résultats de cette étude intitulée «Quantifier le potentiel des segments touristiques» ont été présentés le 18 septembre 2025 au siège de l’IACE à Tunis lors de la 9e édition du Forum économique tunisien.
L’étude montre que la diversification du secteur touristique, grâce à des investissements ciblés et à des politiques publiques proactives, pourrait créer 32 895 emplois nets d’ici 2030, contribuant ainsi à réduire la saisonnalité du secteur.
Le rapport présente trois scénarios pour la période 2025-2030 : un scénario conservateur, basé sur une croissance modeste avec des gains limités en raison de contraintes structurelles (infrastructures, instabilité); un scénario central, basé sur la consolidation des segments existants (tourisme balnéaire, santé); et un scénario ambitieux, qui envisage une croissance accélérée grâce à une diversification efficace de l’offre touristique.
Le rapport appelle à une expansion du produit touristique tunisien conformément aux tendances mondiales et identifie six segments prometteurs dans lesquels la Tunisie dispose d’avantages comparatifs : le tourisme des seniors, qui attire une clientèle de retraités européens, avec un fort potentiel en basse saison (hiver/printemps); le tourisme de santé et de bien-être, dans lequel la Tunisie jouit déjà d’une reconnaissance internationale, notamment auprès de la diaspora et des clientèles maghrébines et européennes; le tourisme rural et l’agritourisme, de plus en plus prisés par la demande croissante d’authenticité, de circuits culturels et d’écotourisme, qui favorisent l’équilibre régional et une plus grande inclusion des zones intérieures; le tourisme de luxe, essentiel pour diversifier l’offre touristique et attirer une clientèle à hauts revenus. Le tourisme locatif, en pleine expansion grâce à des plateformes comme Airbnb et Abritel, notamment dans les grandes villes et les zones côtières.
«Ces segments continuent de se heurter à des obstacles à leur développement. Ces obstacles sont bien connus : un cadre réglementaire trop rigide, souvent inadapté aux nouvelles réalités, une coordination institutionnelle insuffisante et un décalage persistant entre l’offre traditionnelle et l’évolution des attentes des marchés internationaux», a souligné le président de l’IACE, Amine Ben Ayed, ajoutant que «promouvoir ces nouveaux segments n’est pas une option ; c’est un choix stratégique pour l’avenir de notre pays. Mais ce choix ne peut être couronné de succès que grâce à notre capacité collective à agir, à coordonner nos efforts et à innover ensemble.» L’étude trace une feuille de route pour la période 2026-2028 afin de garantir la diversification et le développement réussis de niches prometteuses. Elle recommande des mesures telles que des visas de long séjour et des forfaits hors saison pour les seniors; la création d’une marque nationale, d’une plateforme de prise de rendez-vous en ligne et d’une accréditation pour le tourisme de santé ; la création d’un label de durabilité et de fonds pour la restructuration du tourisme rural et des retraites; un label «Tunisia Luxury» assorti d’incitations fiscales pour les investissements patrimoniaux; ainsi qu’un cadre réglementaire pour l’octroi de licences et la taxation du tourisme locatif.
I. B.
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