Il fut un temps où prendre Tunisair était un motif de fierté. Pavillon national, hôtesses souriantes, avions flambant neufs : on voyageait avec la certitude d’être porté par une compagnie qui reflétait dignement l’image du pays. Aujourd’hui, la scène a viré à la farce. On affrète des avions serbes ou ukrainiens, des équipages étrangers, et tout cela… pour continuer à verser des salaires à des milliers d’employés qui n’ont plus de travail réel.
Tarek Kaouache *

Autrement dit, Tunisair ne vole plus que dans les comptes publics. L’entreprise survit sous respirateur artificiel, alimentée par la dette, pendant que ses avions, eux, volent sous d’autres pavillons.**
Le comble ? Ce scénario n’est pas une exception. El Fouladh à Menzel Bourguiba, les Ciments de Carthage et tant d’autres fleurons déchus de l’économie tunisienne reproduisent la même absurdité : il est désormais plus «rentable» d’importer que de produire. Les usines, au lieu de créer de la richesse, servent de machines à distribuer des salaires. Des milliers d’employés payés à… attendre.
C’est une tragédie économique et une comédie politique.
Tragédie parce que le pays s’enfonce dans des déficits abyssaux pour maintenir sous perfusion des géants aux pieds d’argile.
Comédie parce que chacun fait semblant d’y croire. Les syndicats défendent l’indéfendable, les gouvernements repoussent les réformes, et la population regarde, fatiguée, ce théâtre d’ombres qui se joue avec son argent.
La vérité est brutale : nous n’avons pas d’entreprises publiques, nous avons des rentes publiques. Des coquilles vides, entretenues par une logique clientéliste, qui empêche toute véritable relance économique.
Un pays ne peut pas se permettre d’importer ce qu’il sait produire, ni d’externaliser ce qu’il devrait maîtriser. Tant que nous ne briserons pas ce cercle vicieux, Tunisair, El Fouladh et les Ciments de Carthage ne seront pas des locomotives du développement, mais les boulets de notre avenir.
* Formateur et consultant senior freelance
** Tribune rédigée avec le recours à l’IA.
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