Commentant l’annonce hier, jeudi 1er décembre 2022, par l’agence Fitch Ratings, de la note de défaut émetteur (IDR) à long terme en devises de la Tunisie de ‘CCC’ à ‘CCC+’, l’expert économique Radhi Meddeb a déclaré que «le plus dur reste encore à faire». Vidéo.
Radhi Meddeb, qui était l’invité de La matinale de Shems FM, ce vendredi 2 décembre, a déclaré : «C’est la première fois en douze ans que notre notation est relevée. C’est important en termes d’image. Mais le parcours reste très long pour atteindre la notation B de l’Investment grade qui était celle de notre pays avant 2011 et qui lui attirait l’intérêt des investisseurs. Le plus difficile c’est ce qui viendra après ce relèvement».
Selon lui, le relèvement de la note est expliqué par l’accord de prêt conclu avec le Fonds monétaire international (FMI) au niveau des experts, mais il va falloir que le conseil d’administration du fonds confirme dans les prochains jours l’attribution du prêt en question, et cela reste tributaire de l’évolution de la situation politique, économique et sociale, s’est-il empressé de préciser.
«Il va falloir que les prémices des réformes économiques envisagées dans le cadre de cet accord apparaissent dans la loi de finances pour l’exercice 2023. Il va falloir aussi obtenir l’accord des partenaires sociaux sur la mise en œuvre de ces réformes, et pas seulement celui de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT)», a souligné M. Meddeb. Et de rappeler que, dans ce contexte, le président de la république semble avoir des positions différentes de celles exprimées par le gouvernement à propos de réformes telles que la levée des subventions des produits de première nécessité ou la cession de certaines entreprises publiques.
Ces positions, le président Kaïs Saïed les a exprimées de nouveau hier, en rencontrant la Première ministre Najla Bouden. «Or, tout est tributaire de la capacité du gouvernement à mettre en œuvre les réformes convenues avec le FMI, et qui prévoient des contraintes sociales qui ne sont pas acceptées par toutes les parties. Et cela Fitch Ratings l’a clairement signalé», a expliqué l’expert économique, qui estime que la question des réformes est envisagée, notamment par l’UGTT, selon «une approche idéologique». «Il s’agit d’abord de réformer la gouvernance des entreprises pour qu’elles cessent d’être déficitaires avant de parler de leur cession ou non au privé. Car, au-delà de la propriété des entreprises, qu’elle soit privée ou publique, c’est leur rentabilité qui doit primer sur toute autre considération», a insisté M. Meddeb.
Selon l’invité de Shems, le problème de la Tunisie avec le programme des réformes c’est qu’elle est restée au niveau des slogans et n’a pas vraiment avancé dans leur mise en œuvre. «On refuse de parler de suppression des subventions et on préfère parler d’orienter la subventions vers ceux auxquelles elles sont destinées, mais on n’arrive pas à mettre en place l’identifiant unique qui va permettre cette opération, alors qu’on en parle depuis le gouvernement Mehdi Jomaa en 2014», a relevé Radhi Meddeb.
Pour l’expert, le problème de la Tunisie actuelle, qui fait face à la hausse de l’inflation, à la montée des prix et à la baisse du pouvoir d’achat, c’est qu’«elle consomme plus qu’elle ne produit et importe plus qu’elle n’exporte.» La solution serait, donc, selon lui, de relancer la machine de production et d’exportation qui, seule, peut aider à faire baisser les prix, réduire l’inflation, et contenir les déficits commercial et budgétaire.
I. B.
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