Un groupe de personnalités et d’organisations ont publié la déclaration suivante en soutien à l’artiste Emel Mahtlouthi dont le concert vient d’être annulé par le Festival de Hammamet pour des raisons. «Etre contre la normalisation des relations avec Israël ne signifie pas le boycott des Palestiniens», écrivent-ils.
Emel Mathlouthi, artiste engagée, est soumise depuis plusieurs jours à une campagne systématique de dénigrement, se retrouvant accusée de trahison à la cause palestinienne par des personnes qui ignorent tout de la réalité palestinienne, de sa complexité en raison d’un régime d’occupation brutale ainsi que les conditions de communication d’un peuple qui subit le siège de l’occupant et des divisions internes.
Cette campagne a abouti à l’annulation du concert de cette artiste au festival de Hammamet, sans que celle-ci n’en soit au préalable informée, ni n’ait pu fournir d’éclaircissements sur sa récente visite dans les Territoires palestiniens occupés.
Les organisations et personnalités soussignées tiennent à rappeler ce qui suit :
– La condamnation catégorique, comme nous l’avons toujours fait, de la politique d’occupation sioniste pratiquée à l’encontre des Palestiniens, des meurtres, des assassinats, des emprisonnements de militants et de l’usurpation de territoires par des groupes extrémistes, sous les yeux de la sécurité israélienne et avec les encouragements des gouvernements d’occupation successifs, de droite comme de gauche, violations de surcroît encouragées par une réalité arabe en crise et une communauté internationale hésitante et parfois complaisante.
– La tournée d’Emel Mathlouthi dans les Territoires palestiniens occupés n’avait pas pour but ni le tourisme, ni l’ouverture de bureaux commerciaux ou d’ambassades, mais s’est faite à l’invitation d’organisations palestiniennes dans le but de donner des concerts de chansons engagées défendant le droit des Palestiniens et le droit de tous les peuples à la liberté;
– La lutte contre la normalisation des relations avec Israël, le refus de traiter avec l’entité sioniste usurpatrice vont de pair avec l’entretien de contacts avec les Palestiniens et le développement de relations culturelles afin de faire connaître leur juste cause et de mettre fin à leur isolement, un isolement que l’entité israélienne cherche à toute force d’imposer. Il est surprenant que certains croient que rejeter le comportement du geôlier signifie rompre avec le prisonnier. Boycotter l’entité usurpatrice ne signifie pas ne pas devoir communiquer avec ceux qui sont pris au piège et qui voient leurs droits violés.
– Si nous pouvons expliquer les jugements hâtifs à l’égard d’Emel Mathlouthi, en raison du manque de connaissance de la réalité palestinienne et de la manière de communiquer avec le peuple palestinien, nous sommes pleinement conscients que certains démagogues qui ont fait du rejet de la normalisation avec Israël un cheval de Troie pour faire monter les enchères et prouver leur existence politique, sont parmi les plus grands partisans des régimes répressifs qui violent les droits de l’homme et s’en prennent aux libertés individuelles et publiques.
Premiers signataires
Personnes:
Mourad Allal, directeur de centre de formation, défenseur de droits humains
Tewfik Allal, militant associatif de l’émigration algérienne en France.
Khaled Abichou, retraité
Mongi Amami, syndicaliste
Souhayer Belhassen, présidente d’honneur de la FIDH
Saloua Benabda, écrivaine, professeure,
Faycal Ben Abdallah, président de la FTCR
Rabaa Ben Achour Abdelkéfi , universitaire
Sana Ben Achour, juriste, militante féministe
Slim Ben Arfa, militant politique et associatif
Fathi Ben Haj Yahya, écrivain
Monia Ben Jemai, juriste, féministe
Hatem Ben Miled, cinéaste
Pr Mohamed Salah Ben Ammar MD – MBA
Hechmi Ben Frej, militant associatif et de droits humains
Mohamed Bensaid, médecin, militant de l’immigration
Raja Benslama, universitaire
Sophie Bessis, historienne, féministe
Raja Chamekh, féministe
Khémaies Chammari, ancien ambassadeur, militants des droits humains
Abdelmajid Charfi, professeur émérite à l’université de Tunis
Hédi Chenchabi, directeur de centre de formation, militant de l’immigration
Mouhieddine Cherbib, défenseur de droits humains
Khadija Chérif, sociologue, militante féministe
Alya Chérif Chammari, avocate, militante féministe
Mohsen Dridi, militant de l’immigration
Fatma El Andoulsi, activiste des droits humains
Nadia El Fani, cinéaste
Faycal El Ghoul, historien, universitaire retraité
Frej Fenniche, ancien haut cadre du Haut commissariat des Nations-Unies aux droits de l’homme.
Wahid Ferchichi, professeur de droit, université de Tunis
Claudette Ferjani-Scemama, retraitée
Mohamed Chérif Ferjani, universitaire, islamologue, politologue
Mohamed Hamrouni, militant syndical et associatif
Saoussan Jaidi, féministes
Kamel Jendoubi, ancien ministre, défenseur de droits humains
Noureddine Jouini, professeur émérite, université Sorbonne Paris Nord
Mohamed Khénissi, président de Nachaz
Mohieddine Lagha, universitaire, membre du Bureau de la LTDH
Adel Ltifi, historien, militant politique
Mohamed Habib Marsit, universitaire
Jalel Matri, militant associatif – Genève
Habib Mellakh, universitaire
Jamel Msallem, ancien président de la LTDH
Khadija Mohsen Finan, politologue
Lilia Rebai, universitaire, militante des droits humains
Hamadi Redissi, universitaire, islamologue, politologue
Messaoud Romdhani, défenseur de droits humains
Rami Salhi, militant des droits humains
Youssef Seddik, écrivain, philosophe
Samir Taieb, ancien ministre
Fathi Tlili, président de l’UTIT
Mokhtar Trifi, avocat, président d’honneur de la LTDH
Souad Triki, universitaire, féministe
Abdallah Zniber, militant de l’immigration maghrébine
Organisations:
Comité pour le respect des libertés et des droits de l’Homme en
Tunisie (CRLDHT)
Fédération des Tunisiens citoyens des deux rives (FTCR)
Association Beity
Association Nachaz
Association tunisienne pour la défense des valeurs universitaires
(ATDVU)
Collectif culture et citoyenneté 3C
Association tunisienne de défense des libertés individuelles
Association Perspectives El 3amel Ettounsi.
L’Observatoire National pour la Défense du Caractère Civil de l’Etat
Mouvement Citoyen des Tunisiens en France (MCTF)
Union des travailleurs immigrés tunisiens (UTIT)
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