Voilà où en est la Tunisie aujourd’hui : un ministre se déplace lui-même pour réceptionner un lot de bus récemment acquis par une société publique. Et le comble c’est qu’il s’agit de bus d’occasion mis au rebut par une entreprise étrangère et voués à une seconde vie chez nous. Vive le sous-développement !
Cela s’est passé cette semaine au port de La Goulette, et c’est le ministre des Transports, Rabie Majidi, qui s’est dérangé en personne pour réceptionner en grande pompe, en ameutant les médias, pour prendre livraison d’un premier lot de 300 bus d’occasion de la Régie autonome des transports parisiens (RATP), dont 122 bus Iveco Iribus et 32 bus articulés, dont la Société des transports de Tunis (Transtu) a pris livraison. On se demande ce qu’il aurait fait si les bus étaient neufs et qu’ils aient été acquis auprès d’un constructeur national.
«Ces achats visent à augmenter le parc d’autobus de l’entreprise en vue de la rentrée scolaire et universitaire 2023-2024. Une deuxième livraison de 100 bus est prévue fin octobre 2023. Ces véhicules seront respectueux de l’environnement et adaptés aux personnes à mobilité réduite», précise l’agence officielle Tap, qui cite la déclaration du ministre selon laquelle ces bus «constituent une solution efficace à court terme aux problèmes d’une flotte insuffisante et pour améliorer la qualité des services.»
Les cadres de la nation s’agitent…
Le problème, c’est que ce n’est pas première fois que la Transtu, qui est en quasi-faillite, et d’autres sociétés de transport achètent des véhicules d’occasion. Et quant on voit l’état des bus qui sillonnent nos routes, cahotant, les portes ballantes et parfois les vitres brisées et les échappements dégageant des fumées asphyxiantes, on comprend l’empressement que met le ministre à aller prendre livraison lui-même d’un lot de bus d’occasion ou à bout de souffle. Mais on ne peut s’empêcher de s’en offusquer et de s’interroger sur le devenir de ce pays où tout fout le camp à une vitesse exponentielle, condamné par ses enfants à rester éternellement sous-développé, vivant de charité et d’expédients, c’est-à-dire de ressources momentanées pour se tirer d’embarras sans résoudre la difficulté essentielle.
I. B.
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