Tunisie : des ministres qui insultent l’intelligence des gens

«La hausse des tarifs du carburant reste tributaire des contraintes de la finance publique», a déclaré aujourd’hui Neila Gonji, ce vendredi 30 septembre 2022, en prenant trop de pincettes. Qu’en termes indolores, ces douloureuses choses sont dites !

Par Imed Bahri

La ministre de l’Industrie, des Mines et de l’Energie, qui a fait cette déclaration aux médias en marge de sa participation à un atelier sur le «recrutement des jeunes dans l’industrie 4.0 en Tunisie et en Côte d’Ivoire», a admis l’existence d’«une certaine pression sur la finance publique» et affirmé que «la hausse des prix reste tributaire de cette contrainte» mais que son département «œuvrera à développer les secteurs de l’énergie renouvelable et de l’économie circulaire et verte afin de palier aux problèmes de l’énergie».

Ces propos lénifiants sont insignifiants de platitude. Car Mme la ministre aurait dû dire les choses plus clairement et avertir les Tunisiens que d’autres hausses des prix du carburant sont attendus d’ici la fin de l’année en cours, car les finances publiques sont dans un piteux état, alors que les cours de l’énergie sur le marché mondial restent élevés et que les conditions d’une stabilisation des marchés ne sont pas encore réunies, alors que la monnaie nationale, le dinar tunisien, continue de perdre de sa valeur face aux devises étrangères.

Quant au développement du secteur des énergies renouvelables, que la ministre évoque comme une planche de salut, la Tunisie a déjà perdu trop de temps à louvoyer et raté une occasion en or, quand la situation de ses finances publiques était dans un meilleur état, pour investir dans ce secteur. Or, elle ne l’a malheureusement pas fait, alors que son déficit énergétique continuait à se creuser, et ce depuis 2000. Mauvaise gouvernance ? Manque de vision ? Irresponsabilité ? Il y a un peu de tout ça à la fois…  

Aussi parler aujourd’hui d’énergies renouvelables comme une solution contre la hausse des prix du carburant est-elle une tromperie, car non seulement la Tunisie n’a pas aujourd’hui les moyens d’investir énormément pour la production des énergies solaires et éoliennes et d’hydrogène vert, mais même si elle pouvait le faire, les gains espérés demanderaient encore plusieurs années pour être engrangés. Bref, ce ne serait pas pour demain la veille !  

Messieurs et mesdames les ministres, SVP, appelez les choses par leurs noms, arrêtez de tirer des plans sur la planète et, surtout, cessez d’insulter l’intelligence des citoyens !

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