Après une journée de grève, hier, les boulangers reprennent le travail normalement ce jeudi 20 octobre 2022, dans tout le territoire de la Tunisie, après être parvenus à un accord avec les autorités sur le paiement des arriérés de 14 mois. On s’en félicite, certes, mais en s’en inquiète aussi. Et pour cause…
Les autorités, qui subventionnent le pain, sont censées payer aux boulangers le différentiel de prix entre le coût réel du pain et son prix de vente au public. Ce différentiel est financé en amont par les boulangers qui sont remboursés en aval, mais entre l’amont et l’aval, il se passe souvent beaucoup de temps.
Les arriérés ont donc ainsi atteint aujourd’hui 14 mois, soit 2,5 à 2,7 millions de dinars, une somme énorme qui constitue un gros trou dans les finances des boulangers qui ont, eux aussi, de graves difficultés financières, notamment pour payer leurs fournisseurs, les salaires des employés et les divers autres frais (CNSS, Steg, Sonede, etc.)
L’accord passé est à l’image des graves difficultés financières du gouvernement : les boulangers ont accepté de se faire payer, d’ici fin décembre, les arriérés de 4 mois sur les 14 restants, question de boucler l’année 2021.
Le paiement des 4 mois se fera comme suit : deux mois cette semaine, un mois début novembre et un mois début décembre, avec l’engagement du gouvernement à commencer la négociation sur le paiement des arriérés de toute l’année 2022… à partir de janvier 2023.
Le problème est donc loin d’être réglé : il est seulement reporté. Et on peut raisonnablement s’attendre à d’autres blocages et, donc, à d’autres grèves dès le début de 2023, qui s’annonce chaude, chaude.
D’autant que le gouvernement s’est engagé à mettre en œuvre la levée progressive des subventions des produits de base, y compris le pain, et ce dans le cadre de son accord pour un nouveau prêt du Fonds monétaire international (FMI). Ce qui rendra la perspective d’une baguette à 400 ou 500 millimes très plausible dans un proche avenir.
I. B.
Donnez votre avis