Aram Belhaj :  «L’accord avec le FMI ne sera pas finalisé dans les prochains jours»

Alors que la Tunisie fait face à la plus grave crise financière de son histoire, le gouvernement Najla Bouden, qui mise sur le «Programme national des réformes structurelles» pour parvenir à finaliser un accord de prêt avec le Fonds monétaire international (FMI), a vu ses cartes complètement chamboulées.

C’est ce qu’a déclaré l’économiste universitaire Aram Belhaj, cité par IFM, en précisant que trois raisons ont présidé à ce chambardement.

D’abord, «si un accord il y aura lieu avec le FMI, ce ne sera pas dans les jours à venir et, dans les circonstances actuelles, il n’y a pas d’autre alternative, comme le prétendent certains», a-t-il expliqué. «Il ne saurait y avoir d’alternative qu’à moyen terme, et le gouvernement le sait très bien, a ajouté l’expert, d’autant que le pays a besoin d’un financement estimé à 25 milliards de dinars pour financer le budget de l’Etat pour l’exercice en cours, alors que les ressources provenant du tourisme, des Tunisiens de l’étranger et de l’exportation de l’huile d’olive ne sauraient couvrir l’écart énorme existant entre les besoins du pays en devises et les dépenses programmées.»       

«La seconde raison qui a contribué à renverser tous les équilibres est que l’accord technique conclu avec le FMI le 15 octobre 2022 va sans doute être totalement revu, surtout que les hypothèses et les équilibres sur lesquels il a été basé ont beaucoup changé au cours des six derniers mois», a encore expliqué Aram Belhaj, en estimant que le FMI va probablement demander un nouveau programme et imposer un passage par le Club de Paris, si tant est que le gouvernement tunisien poursuivra la négociation avec l’institution financière internationale.

La troisième raison réside dans le fait que tous les efforts consentis par le gouvernement tunisien dans le cadre dudit programme national de réformes structurelles ne sont plus suffisants. Il n’y a pas eu de réforme du système de subvention. Le dossier de la réforme des établissements et entreprises publiques n’a pas avancé et celui de la révision du système fiscal non plus, étant donné la grande divergence de vues entre le président de la république et le gouvernement, a expliqué l’expert économique, en rappelant la déclaration faite le 6 avril courant par le président Saïed, au Mausolée Bourguiba à Monastir, a tout chambardé.

«L’Etat tunisien est indépendant et souverain et n’accepte pas les diktats de l’étranger», a déclaré Saïed, ajoutant que «la Tunisie appartient aux Tunisiens et n’est pas à vendre» et affirmant que «la Tunisie a beaucoup de moyens pour faire face aux défis économiques et sociaux et ses choix ne sont pas déterminés par des diktats extérieurs qui ne lui ont apporté que davantage de difficulté et d’appauvrissement», dans une allusion limpide aux accords attendus avec le FMI.

Le président a également appelé les Tunisiens à compter sur eux-mêmes et à préserver la paix civile, laissant ainsi entendre que les réformes convenues dans le cadre de l’accord avec le FMI auraient des impacts douloureux pour une grande partie de la population et pourraient provoquer des mécontentements et des mouvements sociaux, comme cela a déjà eu lieu par le passé en Tunisie et dans plusieurs pays du monde.

Rappelons que la Tunisie avait conclu un accord avec le FMI, depuis le 15 octobre 2022, pour un prêt de 1,9 milliard de dollars à rembourser sur 48 mois, mais notre pays attend toujours l’accord définitif du conseil d’administration de l’instance prêteuse. Celui-ci avait fixé un premier rendez-vous pour examiner le dossier de la Tunisie, le 18 décembre 2022, avant de le reporter à une date ultérieure qui n’a encore pas été définie, alors que ledit conseil d’administration a examiné des dossiers présentés par d’autres pays bien après la Tunisie et a même donné son accord pour des prêts d’une valeur encore plus importante que celle consentie pour la Tunisie, lequel semble poser problème. D’où son report aux calendes grecques.

I. B.   

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