L’association Sentiers organise, du 11 au 14 juillet 2023, au cinéma Le Rio à Tunis, un atelier d’analyse filmique sous l’intitulé «Retour sur Jean Rouch». Il s’agira de montrer quelques films et de les commenter à la lumière d’un débat d’idées qui a eu lieu entre l’un des inspirateurs de la Nouvelle Vague et Ousmane Sembène autour de la représentation de l’Afrique.
L’atelier sera animé par le critique de cinéma Tahar Chikhaoui, qui est aussi programmateur et formateur. Il est actuellement collaborateur au Festival des Cinémas d’Afrique du Pays d’Apt, président de l’association Archipels Images, directeur de son site internet qui est dédié à la critique cinématographique et vice-président de Sentiers.
Tahar Chikhaoui nous dit en ces quelques lignes ce dont il sera question :
«Jean Rouch : Je voudrais que tu me dises pourquoi tu n’aimes pas mes films purement ethnographiques, ceux dans lesquels on montre, par exemple, la vie traditionnelle?
Sembène Ousmane : Parce qu’on y montre, on y campe une réalité mais sans en voir l’évolution. Ce que je leur reproche, comme je le reproche aux africanistes, c’est de nous regarder comme des insectes…
L’atelier pourrait être juste un commentaire de cette discussion qui a eu lieu en 1965 entre l’un de ceux qui en France ont ouvert la voie à la modernité cinématographique et le «père du cinéma africain» dont on célèbre cette année le centième anniversaire de sa naissance.
Commentaire, l’atelier le sera aussi. Mais au-delà, ce sera l’occasion aussi de revenir sur ce «malentendu» historique, entre une cinématographie naissante, africaine en l’occurrence, et le renouveau que représente la Nouvelle Vague. Malentendu qui n’en finit pas de se reproduire de façon parfois patente, et plus souvent latente, alimentant selon des modes différents les discours sur les films africains ou tournés en Afrique.
Nous revisiterons donc l’œuvre de Rouch à travers quatre films, Chronique d’un été, le manifeste du cinéma-vérité coréalisé avec Edgar Morin, Moi, un noir apprécié par Sembène, Les Maîtres fous, l’un des plus controversés, et Les Veuves de 15 ans, film tourné à Paris sur un phénomène français pour ensuite mettre le débat à l’épreuve de Zinder, le film de la cinéaste nigérienne Aïcha Macky qui dit s’inscrire dans la lignée de Rouch.»
Tahar Chikhaoui.
Certaines œuvres projetées ont été restaurées par Les Films de la Pléiade avec l’aide du CNC, d’autres seront projetées à partir de la plateforme IFCinéma.
«Retour sur Jean Rouch» est organisé en partenariat avec l’association Archipels Images, le Comité du Film ethnographique, les Films de la Pléiade, l’IRMC et Le Rio. Il fait partie du projet «Images en partage» (volet approfondissement de la culture cinématographique) soutenu par le CNC et l’IFT.
L’atelier est destiné aux animateur/trice/s de ciné-clubs, étudiant/e/s en cinéma, jeunes journalistes s’intéressant au cinéma, cinéphiles, chercheur/se/s en anthropologie et habitué/e/s des rencontres «Safe space : migrations en textes et images».
Ceux et celles qui voudraient participer à l’atelier sont prié/e/s de s’inscrire via ce lien (l’inscription est obligatoire vu que le nombre de places est limité). Le dernier délai d’inscription est fixé au 7 juillet 2023 à minuit et les personnes retenues seront contactées par mail et/ou par téléphone au plus tard le 9 juillet.
Communiqué.
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