L’Ong Alert poursuit son combat contre ce qu’elle appelle «rente bancaire» qu’elle considère comme le principal obstacle aux politiques monétaires en Tunisie, qui se caractérisent par leur incapacité à atteindre les objectifs souhaités.
Dans une étude présentée la semaine dernière, Alert explique cette situation par plusieurs causes, dont le caractère structurel du phénomène inflationniste et la restructuration du système financier, ainsi que l’incohérence des politiques monétaires de la banque centrale.
Alert a souligné que le phénomène structurel d’inflation est dû au déficit budgétaire de l’État, étant donné que l’économie est structurellement dépendante des importations, à l’inflation importée, c’est-à-dire à la subvention des importations par des politiques visant à maintenir la valeur du dinar en s’appuyant sur l’endettement extérieur, ainsi qu’au blocage des secteurs productifs, et notamment le secteur agricole qui ne répond pas à la demande nationale, à la non réforme du système de propriété et à l’exclusion des agriculteurs du cycle économique. Autres causes : les crises climatiques et la structure des marchés régis par des monopoles, en l’absence de réglementation, de contrôle et de concurrence.
L’étude a aussi montré que le système financier a conduit à deux types de demande de services bancaires : un acteur économique qui s’appuie sur les circuits illégaux en raison de plusieurs facteurs, dont l’augmentation excessive des garanties requises lors de l’endettement, et un acteur économique qui dépend fortement du financement bancaire et n’a pas d’autre alternative.
L’étude conclut en expliquant l’échec des politiques monétaires du pays par la contradiction entre les politiques monétaires de la BCT visant à réduire le taux d’inflation monétaire, étant donné que la hausse du taux d’intérêt directeur a coïncidé avec une réduction du taux des réserves obligatoires, en plus des opérations d’injection monétaire dans l’économie à travers le refinancement et l’intervention sur le marché libre.
Parmi les autres résultats négatifs de ces politiques, selon l’étude, figure le risque élevé de défaut de paiement dû à la hausse soudaine des coûts de financement, étant donné que le niveau moyen des prêts non performants reste élevé (jusqu’à 13%) par rapport aux autres pays.
Pour absorber les défauts de paiement, Alert a souligné que les banques imposent des taux d’intérêt élevés, soulignant que l’application des taux d’intérêt les plus élevés est susceptible d’encourager les banques à réaliser des bénéfices élevés.
La plupart des prêts accordés par les banques sont soumis à un taux d’intérêt variable, en fonction du taux d’intérêt du marché financier, de sorte que toute révision du taux directeur permet aux banques de réaliser des bénéfices plus élevés. Au cours des cinq dernières années (2017-2022), les banques ont pu réaliser des marges bénéficiaires élevées grâce à la hausse des taux d’intérêt sur les marchés financiers.
I. B. (d’après Tap).
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