La récente campagne de qualifications pour l’Euro 2024 en Allemagne et de matches amicaux en Europe a mis en lumière des confirmations mais aussi des doutes.
Par Jean-Guillaume Lozato *
Le prochain Championnat d’Europe des Nations se tiendra en Allemagne. La sélection locale alterne le bon et le moins bon. Comme beaucoup d’autres.
Allemagne-France 2-1. C’est le résultat du match d’entraînement s’étant tenu au Signal Iduna Park de Dortmund. Chacune des deux équipes a joué deux matches en quelques jours. Avec un bilan identique: une victoire, une défaite.
Cette rencontre ayant opposé deux grandes nations du ballon rond européen et même mondial reflète l’instabilité actuelle de bon nombre d’équipes nationales, sous l’influence de la remise en question générale post-Coupe du Monde amorcée fortuitement en 2018, parfois désordonnée, et portée à une quasi-apothéose en 2022 d’une façon plus construite.
Un Allemagne-France comme avant-goût
Allemagne-France est une affiche toujours alléchante en football, bien plus équilibrée à l’heure actuelle qu’en politique étrangère. Si l’Allemagne a battu la France, c’est parce qu’elle le méritait. Mais si la France n’avait pas perdu, personne n’aurait pu crier au scandale non plus.
C’est avec dynamisme que les deux équipes ont livré un jeu axé sur l’offensive, le pressing allemand étant supérieur dans le premier quart d’heure de jeu de chacune des deux mi-temps. Rien d’étonnant lorsque Thomas Müller a ouvert le score tout en opportunisme pour les Teutons bien décidés à bousculer les vice-champions du monde en titre.
La défense des Bleus était là, certes, mais assez statique. Tout comme le milieu de terrain était bancal avec un Adrien Rabiot excentré à gauche n’assurant pas toutes les fonctions d’un homme de couloir.
Ce manque de synchronisation s’est retrouvé dans le camp d’en face avec la sortie sur blessure de Ilkay Gündogan. La suite de la rencontre a vu les Allemands doubler la mise par l’attaquant du Bayern Leroy Sané. Plus tard ce sera Antoine Griezmann qui prendra ses responsabilités pour réduire le score sur penalty.
Vision d’ensemble
Nous avons pu visionner des Germaniques et des Gaulois présentant tous les deux des insuffisances sur le flanc droit. Une faiblesse qui aurait pu rendre l’événement plus prolifique en buts. La Mannschafft a pu compter sur Rüdiger (un peu nonchalant mais convainquant lorsqu’il a dû gérer des montées adverses en position de dernier défenseur), Gnabry et Heirichs. A noter un autre profil intéressant, utile en cas de prolongation en compétition lors des matchs à élimination directe, c’est Julian Brandt.
Juger ces deux équipes sur ce match serait insuffisant, imprudent.
Pensons que la France avait réussi son match auparavant en triomphant 2 à 0 de l’Irlande grâce à des réalisations plus que rassurantes de Tchouaméni et Marcus Thuram. Pourtant, c’est bien dans le secteur de la finition offensive que l’équipe à l’écusson frappé du coq s’est montrée très irrégulière. Tandis que l’animation offensive voire la construction en elle-même a pu bénéficier des services de Camavinga et surtout du brillant Griezmann. Le cas le plus déroutant serait celui allemand, avec sa défaite 1-4 infligée par le Japon.
Quel avenir ?
L’Allemagne a reçu la France dignement et la France s’est déplacée avec fierté à Dortmund. Malgré la qualité perceptible des effectifs respectifs, des interrogations subsistent. Le timing est important et le turn-over du sélectionneur national français Didier Deschamps a été à peine moyen. Coman pourrait être mieux utilisé. Rabiot aussi. Upamecano demeure indispensable. Quant à l’Allemagne elle a montré que sans Gündogan elle ne trouvait pas rapidement de solutions.
Ces va-et-vient entre maîtrise et insuffisance semblent dans l’air du temps puisque l’Italie elle-même avait commencé timidement en partageant les points (1-1) en Arménie. Pour tout de même battre quelques jours plus tard des Ukrainiens (2-1) détenant les clés d’un des meilleurs entrejeux du foot international.
L’Angleterre, de son côté, n’associe pas toujours bons résultats et manière, à en juger par le match avec les Ecossais (avec un très bon Robertson).
Plus au Nord, le Danemark a disposé de la Finlande. Cette victoire (1-0) obtenue en terre finnoise. Une performance qui a permis aux rouges de prendre la tête de leurs groupes à la place des Finlandais. A noter que ces derniers avaient battu la France chez elle il y a trois ans et qu’ils ont livré un match engagé devant leurs homologues scandinaves emmenés par un Eriksen ressuscité.
Allemagne-France pourrait se présenter comme l’intitulé de la finale du prochain Euro. Avant de se remettre urgemment en question en vue du Mondial 2026.Compétition que toutes deux pourraient manquer ou quitter prématurément en partant du principe que leurs similarités se retrouvent plus dans les points faibles que dans les points forts. A moins que le Portugal disposant en ce moment d’un excellent Bruno Fernandes et que l’Italie lancent des assauts en demi-finales.
Mais les Danois sont là et comptent déjà un titre de Champion d’Europe à leur actif (1992 en… Suède, autre pays scandinave!), ce qui est bon pour la confiance. Oui, l’Islande avait surpris tout le monde en 2016. Cette fois, une grosse surprise du Nord de l’Europe pourrait survenir si les grosses équipes se «reposent» et si leurs gardiens de but continuent à tendre vers une certaine déconcentration(le nouveau fléau?).
Pourquoi pas la Finlande avec l’avant Pukki, Alho comme homme de couloir et justement Hradeky posté en tant qu’excellent goal ? Les lumières vont-elles éclairer le football à partir du soleil ou à partir des aurores boréales ? N’oublions pas que la Norvège dispose de Haaland, lequel pourra à nouveau faire parler la foudre d’un éclair de son pied gauche en direction de l’Allemagne l’an prochain, voire du continent américain dans trois ans…
* Professeur universitaire et analyste de football.
Donnez votre avis