En pleine crise financière, le gouvernement tunisien prévoit une baisse de la croissance à 0,9% et une hausse des dépenses budgétaires de l’État de 10,8% en 2023. Cherchez l’erreur !
La Loi de Finances rectificative pour 2023 prévoit une révision à la baisse du taux de croissance en Tunisie à 0,9%, contre 1,8% estimé dans la Loi de Finances de cette année, suite à la dégradation des rendements agricoles due à la sécheresse et au changement climatique. Mais pas seulement… L’abandon des réformes structurelles prévues, notamment celles relatives à la réduction des dépenses de subventions, y sont aussi pour beaucoup, mais cela le gouvernement n’ose pas l’avouer.
Lors de l’élaboration du projet de loi de finances rectificative, qui sera examiné par la commission parlementaire des finances mercredi prochain, le gouvernement a également estimé que le prix moyen du pétrole sera de 83 dollars le baril, contre 89 dollars le baril estimé dans le projet de loi de finances 2023.
Outre la hausse continue des prix des matières premières (carburant et céréales), d’autres facteurs ont également été pris en compte dans la loi de finances rectificative, notamment l’impact de la pandémie de Covid-19 et de la guerre en Ukraine, ainsi que la mise en œuvre des réformes, a indiqué le ministère des Finances, sans préciser de quelles réformes il parle, puisque les plus importantes ont été abandonnées et minorées en cours de route.
Sur la base de cette loi de finances rectificative, le budget de l’Etat augmentera de 1,9% à 71 239 millions de dinars tunisiens (MDT), contre 69 914 MDT estimés dans la loi de finances 2023.
Le gouvernement prévoit une hausse des dépenses budgétaires de l’État de 10,8% en 2023, contre 6,7% estimés dans la loi de finances 2023, en raison d’une augmentation des dépenses en subventions aux carburants et produits de base et d’une hausse du taux d’endettement public.
Les besoins de financement de l’État pour 2023 devraient atteindre 25 879 MDT, contre 23 490 MDT dans la Loi de Finances 2023, soit une augmentation de 2,389 MDT.
Le document précise également que 10 711 MDT serviront à financer le déficit budgétaire, tandis que 14 968 MDT serviront au service de la dette. Les 200 MDT restants seront consacrés aux prêts et avances au trésor.
Le déficit budgétaire (hors dons et confiscations) devrait atteindre 7,7% du PIB, contre 5,2% estimé dans la loi de finances 2023.
La dette publique est passée de 114 865 MDT en 2022 à 127 164 MDT, soit 80,2% du PIB.
Bien entendu, toutes ces projections tiennent plus de la science-fiction que de l’économie et des finances proprement dites, puisque le gouvernement aligne des chiffres plus délirants les uns que les autres sans nous expliquer où il va pouvoir trouver les financements pour cette boulimie dépensière d’un Etat en quasi-cessation de paiement.
I. B.
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