Né à Kélibia en 1932, Noureddine Sammoud est poète, essayiste et universitaire. C’est une voix importante de la poésie tunisienne contemporaine.
Ayant fait des études à la Zitouna de Tunis, puis au Caire et au Liban, il est l’auteur de nombreux ouvrages dont des recueils (en arabe) : Voyage dans la fragrance, 1969 ; Chansons arabes, 1980; Lumière sur lumière, 1986.
Son univers mêle poésie d’amour/ghazal, attention à la nature et patriotisme panarabe, dans une écriture fine et délicate, sans emphase, joignant des formes métriques classiques aux vers libres, coulant de source, à la musicalité et au rythme rares. Il décède le 11 janvier 2022.
Tahar Bekri
Ma bien-aimée est Noire africaine
Du continent du chant
Des profondeurs de la douleur
Tend vers Dieu une paume
Quand elle tambourine
Se tord comme un serpent
Souple et puissante
Son orgueil
Se présenter devant le Créateur
Presque nue et expressive
Elle lève vers le ciel son nez
Quand elle tambourine
Autour d’elle des Noirs
Au théâtre des verdures
Dans la révolte des cymbales
Jaillit une chanson
Dans sa nudité toute la fierté
Dans son sourire une générosité
Elle offre le chant
Ruisselle de douleur
Dans le continent du chant
Du fond de la douleur
Le poème est chanté par Ali Riahi
L’énigme assoiffée
Les visages gracieux
Caressés par la lumière
Débordent
De séductions blondes
***
Comme j’aurais aimé
Verser mes lèvres
Dans celles d’une jeune fille
Ensorceleuse
***
Si je l’embrassais
Avec désir
Et folie
Délicatesse
Et plaisir
***
J’aurais cru
Eteindre le feu de ma flamme
Le cœur étanche
De sa soif
***
Cueilli la beauté
Les désirs
Et la lumière
Des collines lumineuses
***
Mais je vois
La beauté devant moi
Et la folie s’enflamme
Dans mes membres
***
Je suis comme l’abeille
Qui envahit la fleur
Comment peut-elle s’assouvir
De la tentation des fragrances
Traduits de l’arabe par Tahar Bekri
Revue Al Fikr, n°4, 1962.
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