Le journal Haaretz a publié une enquête du journaliste Hilo Glazer dans laquelle il révèle les aspects de la personnalité du général de brigade de l’armée israélienne Barak Hiram qui a ordonné le bombardement d’une maison dans une colonie près de la bande de Gaza, en l’occurrence le kibboutz de Be’eri. L’auteur se demande si cet officier représente le nouveau visage de l’armée israélienne.
Imed Bahri
Le 7 octobre 2023 lors de l’opération Déluge d’al-Aqsa, des Israéliens ont été tués dont une fillette de 12 ans dans une maison du kibboutz de Be’eri et les corps ont été retrouvés calcinés. Tout de suite, la hasbara (la propagande israélienne) en a fait un élément-clé de sa manipulation de l’opinion publique internationale relayant partout dans le monde que c’était les combattants du Hamas qui les avaient tués et brûlés leurs corps.
Quelques mois plus tard, la vérité a éclaté et c’était en réalité un char de Tsahal qui a bombardé la maison tuant 13 Israéliens dont la fillette Liel Hetzroni. Une vidéo prise par un hélicoptère de l’armée israélienne a filmé la scène, a été fuitée et a été publiée par Haaretz. Nous avons publié à ce moment-là un article sur cette affaire dans Kapitalis intitulé «L’armée israélienne a bel et bien tué Liel Hetzroni».
Un sanguinaire animé par la haine des Arabes
Aujourd’hui, Haaretz lève le voile sur l’homme qui a ordonné le bombardement de la maison et causé la mort des personnes à l’intérieur. On découvre le profil d’un sanguinaire et d’un cynique passionné par le sionisme et animé par la haine viscérale des Arabes depuis sa prime jeunesse.
Le journal précise d’abord que Barak Hiram est le commandant de la 99e division d’infanterie de l’armée israélienne et que c’est lui qui a ordonné, le 7 octobre 2023, le bombardement d’une maison avec des chars à Be’eri qui est une colonie agricole et militaire située au nord du désert du Néguev. Des combattants des Brigades Ezzeddine Al-Qassam, la branche militaire du Hamas, détenaient 15 otages israéliens à l’intérieur de la maison ce jour-là.
Dans une interview accordée à l’émission ‘‘Vérité’’ sur la chaîne israélienne Keshet 12 (Canal 12) à la veille de l’incursion terrestre dans la bande de Gaza, Hiram (45 ans) a qualifié l’incident de «succès» relatif et a exagéré le nombre d’otages sauvés. Il a déclaré dans cette interview: «Je crains complètement que si nous reculons et essayons de mener toutes sortes de négociations avec l’autre partie, nous risquons de tomber dans un piège qui nous liera les mains et ne nous permettra pas de faire ce qu’il faut, c’est-à-dire entrer, manœuvrer et les tuer (les combattants palestiniens, Ndlr).»
Dans son article, Glazer a abordé en détail les circonstances de cet incident levant le voile sur la personnalité d’Hiram qui a depuis suscité une controverse continue en Israël en raison de son ordre à ses soldats de faire sauter la maison notamment pour cibler les hommes armés du Hamas qui s’y cachaient.
Le journaliste de Haaretz a déclaré avoir communiqué avec des personnes qui connaissaient l’homme et l’ont décrit comme un officier audacieux et rigide qui remet en question les stéréotypes des chefs militaires.
Selon l’article, lors de la seconde Guerre du Liban durant l’été 2006, Hiram a mené des combats acharnés au cours desquels il a perdu cinq de ses soldats, a été grièvement blessé et a perdu un œil. Preuve de sa rudesse, il a emmené des soldats qu’il entraînait visiter un abattoir et leur a demandé de regarder directement les animaux pendant qu’ils étaient abattus. Il leur a expliqué que le but de l’expérience «éducative» était de les endurcir car ils rencontreraient des scènes similaires lors de batailles.
Glazer a cité le colonel Benny Yosef, ancien commandant de l’Ecole de formation des unités de commandos (Egoz) et ami proche d’ Hiram, le décrivant comme «une personne qui vit dans le désert et sa mentalité est comme telle: il croit en la loi de la jungle qui est basée sur l’idée de que c’est le plus fort qui survit».
Quant à son autre ami, le lieutenant-colonel de réserve Leko Friedler -qui travaillait sous ses ordres-, il estime qu’Hiram emmenant les stagiaires à l’abattoir «n’était pas qu’un caprice» mais plutôt une préparation pour ses soldats à affronter les cadavres et le sang sur le champ de bataille.
En janvier dernier, lors de l’invasion terrestre israélienne de la bande de Gaza, Hiram a été réprimandé par le chef d’état-major pour avoir bombardé le bâtiment principal de l’université palestinienne Isra sans l’autorisation préalable de ses supérieurs.
Des positions extrémistes et féroces à l’égard des Arabes
Parmi les aspects de sa biographie examinés par Glazer dans son article, Hiram a grandi dans une famille laïque d’ingénieurs de la ville de Haïfa et il est le cadet d’une fratrie de trois. Son père, Avihu, est un ingénieur chimiste et homme d’affaires à la retraite tandis que sa mère, Yael, est titulaire d’un doctorat en génie chimique et a également travaillé comme cadre dans une entreprise, Rafael Advanced Defense Systems, avant de prendre sa retraite, et ses deux frères ont également étudié l’ingénierie à l’Institut israélien de technologie.
Ses camarades de classe se souviennent de la façon dont Barak Hiram a adopté des positions extrémistes et féroces envers les Arabes et son programme était très clair. L’un de ses collègues a déclaré qu’il avait commencé à prononcer des mots similaires à ceux utilisés par le rabbin extrémiste anti-arabe né aux États-Unis Meir Kahane.
Peu avant qu’il termine ses études secondaires, sa famille a déménagé au Venezuela pour rejoindre leur mère qui y travaillait mais Glazer dit qu’Hiram a décidé de rester en Israël et de rejoindre l’armée.
Haaretz cite un autre ami proche et camarade de classe Omer Brockman selon qui Hiram n’était pas intéressé à voyager à l’étranger mais était très passionné par le sionisme en tant qu’idée ce qui explique son identification aux valeurs d’extrême droite.
Il a déménagé pour vivre à Sde Bar, un avant-poste de la colonie de Kiryat Arba, avant que celle-ci ne devienne une ferme située dans une zone isolée du désert d’Hébron. Cette colonie est un foyer de jeunes extrémistes dont la plupart sont issus d’un milieu juif ultra-orthodoxe et dont certains ont subi des agressions sexuelles ou ont eu des ennuis juridiques comme l’indique Hilo Glazer.