Gaza : Israël utilise des civils palestiniens comme boucliers humains

Une enquête menée par le journal israélien Haaretz a révélé que l’armée israélienne utilise systématiquement les civils Palestiniens comme boucliers humains pour fouiller les tunnels et les bâtiments de la bande de Gaza. Le journal israélien a affirmé les officiers supérieurs de l’armée notamment le chef d’état-major Herzi Halevy ont connaissance de cette pratique. Les militaires israéliens ont même déclaré avec arrogance et ignominie que leur vie vaut davantage que celle des civils palestiniens ce qui est une preuve, si tant est qu’il faille encore le démontrer, que le sionisme est une idéologie suprémaciste nazie. Mais les «démocraties» occidentales continuent de fermer les yeux ou de regarder ailleurs !  

Imed Bahri

«Au premier abord, ils sont difficiles à identifier. Ils sont généralement âgés d’une vingtaine d’années, toujours entourés de militaires de différents grades, portant souvent des uniformes militaires. Cependant, si vous regardez bien, vous découvrirez qu’ils ne portent pas de bottes militaires mais plutôt des baskets, ils ont les mains liées derrière le dos et ont un air de peur sur le visage. Ce sont les ‘‘shawishis’’, terme par lequel les appellent les soldats et les officiers israéliens. Ce sont des Palestiniens qui sont utilisés par les unités de l’armée israélienne dans la bande de Gaza et ils n’ont qu’une seule mission: servir de boucliers humains aux soldats dans la guerre». C’est par ces mots que Haaretz décrit dans son enquête les Palestiniens kidnappées à Gaza et utilisés par l’armée israélienne comme boucliers humains.

«Ils ont dit que nos vies étaient plus importantes que la leur. En fin de compte, il vaut mieux que les bombes explosent sur eux et que nos soldats restent en vie», ont déclaré des soldats israéliens. 

Cette déclaration figure dans l’un des témoignages parvenus à Haaretz. Témoignages de soldats et de commandants. Cela se produit dans toute la bande de Gaza ces derniers mois au su des officiers supérieurs et même du bureau du chef d’état-major précise Haaretz. Une pratique qui se poursuit encore aujourd’hui. Les soldats trouvent des civils de Gaza «aptes» à cette mission et les amènent dans les brigades et bataillons opérant dans la bande de Gaza. «Il y en a qui s’en vantent», affirme une source ayant participé à l’opération visant à retrouver ces civils.

Ce ne sont pas des cas isolés, mais des pratiques systématiques

«Les dirigeants de haut rang le savent», a indiqué la même source. Mais cela n’a pas gêné l’armée qui a joué les naïfs avec la publication du documentaire d’Al Jazeera il y a environ deux mois. Dans ce documentaire, des soldats de l’armée israélienne ont été montrés habillant des détenus palestiniens avec des uniformes et des vestes militaires, plaçant des caméras sur eux et les envoyant vers des maisons détruites et des ouvertures de tunnels. Tout cela alors qu’ils ont les mains liées. L’administration américaine était en colère mais selon le porte-parole adjoint du Département d’État américain, Vedant Patel, qui avait réagi en déclarant: «Israël et son armée disent qu’ils enquêtent sur ces événements et que ce qui est apparu dans ces films ne reflète pas leurs valeurs et constituent une violation des consignes et des procédures.» Que ces horreurs sont gentiment qualifiées par ces chers «démocrates» occidentaux !  

Toutefois ce déploiement a moins surpris les militaires sur le terrain. «Quand j’ai vu le reportage d’Al Jazeera, j’ai dit: oui, c’est vrai», a déclaré au journal un soldat régulier qui a participé à l’utilisation des Gazaouis comme boucliers humains. «Après cela, j’ai vu la réponse de l’armée israélienne qui ne reflétait pas la réalité. Cela s’est produit au moins avec la connaissance du commandant de brigade. Peut-être que ce même soldat peut comprendre la tentative d’Israël de prétendre désavouer ces actions mais il a déclaré: ‘‘L’armée sait qu’il ne s’agit pas d’un incident ponctuel impliquant un jeune et un stupide chef de section qui a décidé de faire quelque chose de son propre chef.’’» Autrement dit, l’armée israélienne sait que ce ne sont pas des cas isolés mais veut faire croire le contraire pour manipuler l’opinion internationale. 

Méthodes couramment utilisées par Israël depuis 2002

Il ressort des conversations menées par Haaretz que les «recrues» sont souvent de jeunes adultes. Cependant, il existe des témoignages selon lesquels dans certains cas, des adolescents ou des personnes âgées ont été utilisés (il arrive parfois que des personnes âgées soient utilisées pour entrer dans les maisons avant les militaires, a déclaré un soldat). Parler arabe est un avantage pour l’armée israélienne afin de pouvoir les utiliser dans les bâtiments et les tunnels où il leur est demandé d’informer les militaires à l’extérieur.

«Vous devez accomplir une tâche qui est de nettoyer l’ouverture du tunnel et vous serez libéré», a déclaré un soldat à partir de son expérience personnelle. C’est ce qui a été demandé à des personnes pour servir de boucliers. Mais cette description n’est pas nécessairement exacte. Bien qu’il y ait eu des Palestiniens à qui il a été demandé de rester seulement 24 heures dans l’unité, d’autres sont restés deux jours voire une semaine. 

Les événements décrits dans les conversations avec Haaretz ont eu lieu dans différentes zones de la bande de Gaza mais le schéma était très similaire comme le montre l’histoire d’un soldat qui était à Gaza pendant des mois. Un jour, alors que lui et ses amis sont arrivés au domicile du commandant de brigade, il a vu un inconnu qui allait et venait, vêtu d’un uniforme militaire mais sans veste de protection, portant des baskets et accompagné de soldats pour le garder. Selon le militaire, il a été demandé aux soldats de l’accompagner même jusqu’aux toilettes et de s’occuper de son alimentation.

Le militaire a déclaré qu’il ne comprenait rien à la situation jusqu’à à ce stade. Lui et ses amis se demandaient s’il s’agissait d’un captif ou peut-être d’un agent. Mais le lendemain, ils ont compris pourquoi il était là. Il leur a été demandé de sortir pour examiner un tunnel qui se trouvait dans le cadre de leurs activités de combat mais lorsque les soldats ont vu l’écran, ils ont su que la personne qui était entrée dans le tunnel était un Palestinien, vêtu d’un uniforme militaire, avec les mains attachés derrière le dos et qu’il y avait une caméra attachée à son corps. «Ils ont entendu une respiration très profonde, apparemment par peur», a déclaré un soldat qui a regardé le film. «Ils l’ont simplement laissé entrer pendant qu’il dessinait un plan des lieux à un moment où le commandant de brigade voyait de l’extérieur ce qu’il documentait.»

Lorsque des questions ont été soulevées parmi les militaires, selon une source présente sur place, ils ont tenté d’expliquer que «c’était une idée que si la maison était piégée ou s’il y avait une embuscade ou des saboteurs à cet endroit alors ils le tueraient lui et non les soldats. C’était la première fois que les dirigeants prononçaient le mot ‘‘shawish’’».

Un soldat a déclaré que ceci se répétait et qu’avant toute activité, ils sortaient le «bouclier humain» dix minutes avant tout le monde et attendaient le commandant de brigade sur place. «Les gens ont commencé à se poser des questions. Rapidement, cette affaire a fait désordre», a déclaré l’un des soldats. «Il y a ceux qui ont dit qu’ils n’étaient pas prêts à mener des opérations si ce Gazaoui contraint de se sacrifier y participait et il y avait bien sûr ceux qui soutenaient cela»

Haaretz rappelle que l’utilisation de Palestiniens comme boucliers humains n’est pas une nouvelle pratique qui a commencée avec la guerre actuelle. Lors de l’opération Bouclier défensif de 2002, il s’agissait d’une méthode couramment utilisée par l’armée appelée «procédure du voisin» qui est l’utilisation par les soldats des civils palestiniens en Cisjordanie pour fouiller les maisons par crainte qu’elle ne soient bourrées d’explosifs. Ou encore amener des Palestiniens dans des maisons avant les forces de l’armée israélienne afin de rechercher des personnes recherchées.

Des Palestiniens à la place des… chiens

Après que les histoires et les rapports sur cette affaire se soient multipliés, les organisations de défense des droits de l’homme ont déposé une requête auprès de la Cour suprême qui a statué en 2005 qu’il s’agissait d’une mesure contraire au droit international et illégale. «À l’époque, le chef d’état-major Dan Halutz avait ordonné à l’armée d’appliquer la décision de la Cour suprême. Cela fait vingt ans, mais il semble que la pratique soit de retour», écrit Haaretz.

Un soldat qui a parlé au journal a déclaré que lors d’une conversation face à face entre soldats et commandants, ils avaient obtenu une sorte de réponse à la question de savoir pourquoi des boucliers humains sont utilisés. On leur a expliqué, entre autres choses, que cela était dû au fait que de nombreux chiens de l’unité Oketz, unité d’élite canine de l’armée israélienne, recherchant des matériaux explosifs et attaquant des saboteurs étaient morts, avaient été blessés ou avaient été démobilisés c’est-à-dire mis hors service.

Le summum de l’ignominie, de la bassesse et de la sauvagerie de l’armée criminelle israélienne qui utilise les civils palestiniens en lieu et place des… chiens. Y a-t-il encore un crime qui n’a pas été encore commis par Israël? Apparemment pas parce que le génocide que perpètre l’armée israélienne à Gaza depuis plus de dix mois a montré que toutes les monstruosités que seuls les esprits les plus diaboliques peuvent inventer y sont pratiquées dans le but de détruire physiquement et psychologiquement le peuple palestinien mais ce dernier fait preuve de résilience malgré qu’il endure les pires horreurs. Et un jour viendra où il se vengera, et qui pourra sérieusement lui reprocher de recourir aux mêmes procédés que ses ennemis ?