Le rideau tombe sur une légende. Fethi Haddaoui, figure majeure des arts dramatiques tunisiens, s’est éteint hier, jeudi 12 décembre 2024, à 63 ans, laissant derrière lui un héritage incommensurable et une peine profonde dans le cœur de tous ceux qui ont croisé son regard ou vibré à travers ses interprétations.
Djamal Guettala
Dans chaque rôle, sur scène, au cinéma ou à la télévision, Fethi Haddaoui a insufflé une âme, un souffle unique. Il n’était pas seulement un acteur, il était un poète du jeu, un créateur de mondes, un homme dont la voix résonnait bien au-delà des dialogues qu’il portait. Il avait ce don rare de transformer un personnage en une vérité universelle, capable de toucher les sensibilités les plus enfouies.
Un parcours hors du commun
Formé à l’Institut supérieur des arts dramatiques de Tunis, Fethi Haddaoui a été façonné par les plus grands maîtres de la scène, mais c’est son talent brut et son travail acharné qui l’ont élevé au rang d’icône. Avec des metteurs en scène tels que Fadhel Jaïbi ou Fadhel Jaziri, il a su exprimer une vision exigeante et profonde du théâtre, puis du cinéma.
Sur les planches, il était incandescent, habitant ses rôles avec une intensité presque mystique. À l’écran, il illuminait les récits de sa présence, de ‘‘Halfaouine’’ de Ferid Boughedir aux ‘‘Sabots en Or’’ de Nouri Bouzid, et autres chefs-d’œuvre du cinéma tunisien qui, grâce à lui, ont transcendé les frontières.
À la télévision, des séries comme ‘‘Sayd Errim’’ ou ‘‘Naouret Lehwee’’ ont marqué des générations de téléspectateurs. Sans parler des nombreux rôles qu’il a campés dans les feuilletons historiques syriens, qui l’ont fait connaître dans tout le monde arabe. Son charisme naturel, son regard habité et sa profondeur de jeu faisaient de lui bien plus qu’un acteur : un conteur des douleurs et des joies humaines.
Une perte immense
Aujourd’hui, la Tunisie pleure. L’homme qui a porté haut l’art dramatique et un pan du patrimoine du pays s’en est allé. Les hommages affluent, mais aucun mot ne semble suffisant pour saisir l’ampleur de la perte. Le ministère des Affaires culturelles évoque un «monument de la scène et un ambassadeur de l’art tunisien», et sur les réseaux sociaux, des générations d’artistes, de spectateurs et d’admirateurs saluent un homme à la fois humble et grandiose.
Son départ laisse un vide immense. Il nous rappelle brutalement la fragilité des étoiles qui illuminent nos vies, mais il nous lègue aussi un trésor : une œuvre intemporelle, une empreinte indélébile dans le patrimoine culturel tunisien.
Poignée de main avec l’auteur de l’article.
Fethi Haddaoui nous quitte, mais son art demeure, vibrant et puissant. Il restera cette lumière qui guide, ce modèle d’excellence et d’humanité. À travers ses rôles, ses mots, son regard, son exigence, il continuera d’habiter nos mémoires et nos imaginaires.
À vous, maître de l’émotion et de l’art, que votre repos soit à la hauteur de la grandeur de votre vie.
Que la Tunisie, en pleurant votre absence, célèbre éternellement votre génie.
Adieu, Fethi Haddaoui. Vous êtes parti, mais votre lumière ne s’éteindra jamais.
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