Kaïs Saïed revient à la charge et demande au gouvernement d’«aller de l’avant sur la voie de la restauration du rôle social de l’Etat dans les plus brefs délais», tout en dénonçant «la dilapidation de l’argent public» dans le financement d’institutions publiques sans utilité.
Cette demande a été réitérée hier, lundi 20 janvier 2025, lors d’une réunion au Palais de Carthage avec le chef du gouvernement, Kamel Maddouri, la ministre des Finances, Sihem Boughdiri Nemsia et le ministre des Affaires sociales, Issam Lahmar, qui sont appelés à mobiliser les moyens, notamment juridiques et financiers, pour mettre en œuvre cette politique dont le président de la république cherche à faire la marque de son règne, notamment au cours de son second mandat (2024-2029), le premier 2019-2024 ne lui ayant pas permis de le faire.
Cité dans un communiqué de la présidence de la république, le chef de l’Etat a souligné que ce rôle social de l’Etat a été sciemment abandonné depuis début des années 1990 jusqu’au lendemain de la révolution de 2011 alors que le peuple tunisien n’a cessé de revendiquer son droit à l’emploi, à la liberté et à la dignité nationale.
Le président Saïed a saisi aussi l’occasion pour s’insurger, une nouvelle fois, contre ce qu’il a appelé la multiplication des institutions et, son corollaire, la dilapidation de l’argent public, citant en exemple nombre d’agences et d’organismes relevant d’un département ministériel, qu’il n’a pas nommé, et auxquels sont affectés des fonds jugés excessifs s’élevant à plus de 500 millions de dinars.
Dans ce contexte, Saïed a vivement critiqué la structure tentaculaire des agences et structures liées à l’investissement, soulignant que ni l’investissement escompté n’a été réalisé, ni les fonds de la collectivité nationale n’ont profité au peuple tunisien qui se trouve assujetti à l’obligation de payer ses impôts pour les financer.
Face à une telle situation, le chef de l’Etat a estimé qu’il serait plus judicieux et opportun que cet argent public soit mieux exploité et qu’il profite en premier lieu aux démunis et aux pauvres.
«Contrairement à ce que certains tentent de faire répandre, il n’est pas question de procéder à la cession des établissements et des entreprises publics mais plutôt de veiller à préserver l’argent public, à éviter ce que cette hypertrophie des institutions fasse obstacle à la réalisation des projets déjà entamés ou suspendus ou ceux non encore réalisés», a précisé Saïed.
«Alors que dans certains pays il n’y a qu’un seul et unique interlocuteur, en Tunisie l’investisseur est contraint de traiter avec un conseil supérieur de l’investissement, une instance tunisienne de l’investissement et un Fonds tunisien d’investissement. Autant de structures auxquelles s’ajoutent quatre autres agences liées à l’investissement extérieur, à l’investissement agricole, à la promotion des exportations et la promotion de l’investissement industriel et la cinquième pour la promotion de l’industrie et de l’innovation», a fait remarquer le chef de l’Etat, en clarifiant, une fois n’est pas coutume, les cibles de ses critiques.
Cette profusion institutionnelle procède d’un raisonnement à l’envers qui considère que l’investissement provient de l’hypertrophie des institutions et non de la création de la richesse et sa distribution juste et équitable entre tous les citoyens, a déploré Saïed.
Est-ce à dire que des institutions comme le Cepex, l’APII, l’Apia, la Fipa et la Tunisia Investment Authority entre autres vont être dissoutes ou regroupées au sein d’une seule structure en charge de la promotion de l’investissement et de l’exportation ? C’est ce qu’on aimerait savoir et que le silence du Premier ministre et des membres du gouvernement à ce propos nous laisse sur notre faim. Est-ce que la parole présidentielle va être suivie d’action, et dans ce cas, comment le gouvernement va-t-il procéder, ou cette parole sert-elle seulement à soulever les problèmes sans leur apporter des solutions ?
I. B.
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