La Maison de la poésie Rhône-Alpes, qui publie la revue de poésie Bacchanales, édite un numéro hors-série, consacré à un recueil du poète palestinien, Ghassan Zaqtane, traduit par le poète marocain, Abdellatif Laâbi.
L’ouvrage, ‘‘Les Barbares, mes intimes’’ est une édition bilingue, aérée, soigneusement imprimée, regroupant des poèmes, à la teneur essentielle, sans fioritures de langage, portant la blessure de la terre et des êtres, opposant à la mort, la beauté des choses simples, attaches de résilience à l’innommable oppression.
La poésie de Ghassan Zaqtane est loin du discours manifeste, de la parole faite propagande, elle émerge comme un perce-neige dans la froidure de notre humanité coupable. Sa dimension métaphorique l’élève à l’écriture du quotidien dans une nostalgie forte, entre amour, douleur et espoir.
Par cette traduction, Abdellatif Laâbi poursuit son périple dans l’effort à rapprocher la poésie palestinienne du public de langue française. La poésie palestinienne constitue souvent un paysage humain qui déjoue la volonté de défigurer le droit des Palestiniens à avoir une vie digne et libre comme tous les peuples.
Aussi faut-il saluer la revue Bacchanales d’aider à desserrer l’étau et porter, par cet ouvrage, le poème, ce qui contribue à la clarification.
Ghassan Zaqtane, est né en 1954 à Bayt Jala, près de Bethléem, où sa famille s’esr réfugiée en 1948. Il a vécu au camp d’Al-Karamah puis en Jordanie, au Liban, au Yémen du Sud, en Syrie et en Tunisie. Il est rentré en Palestine en 1994 où il vit. Il peut être considéré comme une figure marquante de la littérature palestinienne actuelle. Il est parmi les poètes invités par Le Marché de la poésie et La Maison de la poésie à Paris au mois de juin 2025.
Tahar Bekri
وحدها في الطريق إلى البيت
بلادي التي لا بلاد لها
وحدها في الطريق الطويل إلى البيت
بستانها خلفها و الطيور
التي شربت من مياه الوضوء
مرّ عليها الغبار
و مرّ بها البرد والريح مرّت
و مرّ بها عابرون قساة
و مرّ بها أنبياء رعاة
و ظلّت هناك على حافة الكون
حنطيّة في الطريق
و بيضاء ، بيضاء
.بيضاء في الحلم من غير سوء
Seul sur le chemin de la maison
Mon pays dénué de pays
Seul sur le chemin vers le foyer
Son verger est derrière lui
Ainsi que les oiseaux
Qui ont bu l’eau des ablutions
La poussière l’a quittée, et le vent
Il a connu le froid
Des étrangers de passage cruels
Des bergers prophètes
Et il est resté là au bord de l’univers
Blanc, blanc
Blanc dans le rêve
Sans penser à mal
Trad. par Abdellatif Lâabi
« Les barbares, mes intimes », Ed. La Maison de la poésie Rhône-Alpes, Saint-Martin d’Hères, 2025, 105 p. 17 euros.
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