Tunisie │ Priorités nationales, dépenses publiques et endettement

Lors de sa rencontre, lundi 9 juin 2025, au Palais de Carthage, avec la ministre des Finances, Mechket Slama Khaldi, Kaïs Saïed a réitéré ce qu’il considère comme des priorités nationales dans le cadre du rôle social de l’Etat qu’il n’a de cesse de défendre à chacune de ses réunions avec les membres du gouvernement.

Ces «priorités nationales» devraient être au centre du projet de loi de finances pour le prochain exercice, lequel «doit être élaboré dans le cadre du plan national de développement et refléter la volonté réelle du peuple», selon les termes du communiqué officiel de la présidence.

«Les priorités nationales constituent la seule véritable base pour répondre aux attentes des citoyens tunisiens, notamment par la révision des différentes législations fiscales et la création d’emplois pour ceux qui ont longtemps souffert du chômage», a déclaré le président. Il indique ainsi les deux lignes directrices dudit projet : créer davantage d’emplois, notamment dans les services publics, pour les chômeurs de longue durée, et pour financer l’effort financier que les recrutements programmés exigeront de la part de l’Etat, le président montre la voie qu’il préconise, soit, «la révision des différentes législations fiscales», soit donc davantage d’impôts, ce qui, on l’imagine, ne va pas aider à relancer la machine économique, grippée depuis 2011.

En ordonnant, par ailleurs, de préparer minutieusement le retour des Tunisiens à l’étranger en leur fournissant des services de qualité, en simplifiant les procédures administratives et en garantissant leur transparence totale, le chef de l’Etat semble accorder beaucoup d’importance aux entrées de devises que cette population – représentant plus de 10% de la population nationale – ne manquera d’effectuer. Des recettes dont, soit dit en passant, dépend de plus en plus les équilibres financiers du pays. Et qui lui permettent d’honorer tous ses engagements financiers internationaux, a rappelé Saïed, par allusion aux dettes que la Tunisie continue de contracter pour financer ses dépenses publiques. Ces prêts qui, selon l’aveu même du président de la république, «n’ont pas bénéficié au peuple tunisien comme prévu – fait reconnu par de nombreuses organisations internationales – et sur lesquels la Tunisie continue de payer des intérêts sans en tirer de réel bénéfice», a-t-il déploré, estimant, au passage, que ces dettes «auraient dû être annulées» par les bailleurs de fonds.

Saïed exprime ainsi, sans trop y insister, une vieille revendication populaire qui attribue le gâchis de l’endettement public non pas à l’Etat qui dépense sans compter mais aux bailleurs de fonds qui ne sont pas assez regardants sur le sort de l’argent qu’ils prêtent.

Comme les membres du gouvernement s’expriment rarement sur les politiques qu’ils mènent, il y a peu de chance que Mme Slama Khaldi, magistrate de son état et peu versée dans les questions financières, nous dise comment elle compte faire pour trouver les financements nécessaires aux politiques ultras sociales du président de la république. Les experts, quant à eux, ne voient que deux moyens : plus d’impôt et plus d’endettement, l’économie étant en panne avec une croissance atone de moins 2% par an.

I. B.

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