Les prochaines élections présidentielles en Tunisie devraient se tenir en septembre ou octobre 2024, alors que des doutes sont exprimés par des opposants sur la disposition du président Kaïs Saïed à organiser ce scrutin dans les délais requis, conformément à la constitution de 2014 qu’il avait fait abroger en 2022. (Illustration : Des partisans du candidat présidentiel indépendant Kaïs Saïed à Tunis, Tunisie, le 11 octobre 2019. Ph. EPA-EFE/Ahmed Jalil).
Ces dates ont été avancées par le porte-parole de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie), Mohamed Tlili Mnasri, dimanche 4 février 2024, ajoutant que la commission électorale entamera les préparatifs pour les prochaines élections présidentielles juste après la mise en place du Conseil national des régions et des districts, issu des élections locales dont le second tour s’est tenu hier et a été marqué par un taux de participation des plus faibles de 12,44%.
Mnasri, qui s’exprimait en marge d’un point de presse organisé par l’Isie dimanche à Tunis, a indiqué qu’en vertu des lois en vigueur – qui, selon lui, n’ont pas été modifiées –, les élections présidentielles devraient avoir lieu dans les délais constitutionnels, au cours des trois derniers mois du mandat présidentiel.
Le chapitre 90 de la Constitution de 2022 stipule que le président doit être élu pour un mandat de cinq ans au cours d’élections générales, libres, directes et secrètes au cours des trois derniers mois du mandat présidentiel, à la majorité absolue des suffrages exprimés.
Le président de la république Kaïs Saïed a remporté le second tour de l’élection présidentielle de 2019 face à Nabil Karoui avec 72,71 % des voix. Et selon la constitution, le mandat de cinq ans du président devrait prendre fin à l’automne prochain. Et ce dernier a souvent réitéré sa détermination à respecter les délais électoraux. Sauf que certains opposants dénoncent ce qu’ils appellent sa «dérive autocratique» et considèrent que son projet politique ne supporte pas la présence d’opposition dans le pays.
Au moment où beaucoup de dirigeants de l’opposition sont emprisonnés, poursuivis dans diverses affaires, y compris Rached Ghannouchi et Abir Moussi, leaders des deux principaux partis dans le pays, Ennahdha et le Parti destourien libre (PDL), et notamment la seconde qui est donnée comme la principale concurrente de Kaïs Saïed pour le palais de Carthage, ces doutes s’expriment de manière de plus en plus insistante, alors qu’à une dizaine de mois de la présidentielle, le président de la république n’a pas encore publié le décret-loi fixant la date de cette élection et appelant les électeurs aux urnes. Il n’a pas non plus fait promulguer une nouvelle loi électorale, conformément à la constitution de 2022.
I. B.
Donnez votre avis