Au fil des années, la qualité du football tunisien s’est considérablement dégradée. Ajouté à la gestion calamiteuse de la FTF, le manque d’investissement et d’engagement dans le développement des infrastructures, des sélections nationales, des clubs et des joueurs, a contribué à faire de la génération actuelle l’une des plus médiocres et des plus décevantes de l’histoire du football tunisien. Comment redresser cette situation ?
Par Habib Glenza *
La fin de parcours de l’équipe de Tunisie de football à la dernière CAN en Côte d’Ivoire, dès la phase de poules, et ce pour la première fois depuis 2013, a été une humiliation pour ses supporters, sachant que l’objectif fixé par la Fédération tunisienne de football (FTF) était d’atteindre le dernier carré. C’est une nouvelle illustration de la gestion calamiteuse de cette institution par son omnipotent président sortant, Wadii Jary, qui jouait le rôle de «directeur technique» de la sélection nationale, tant au niveau du choix des joueurs que sur celui des options tactiques, censées être du seul ressort du sélectionneur national.
A la fin de son aventure continentale, l’équipe tunisienne occupait la dernière place du groupe E avec 2 points. Son bilan a été plus que décevant avec une défaite contre la Namibie (0-1) et deux matchs nuls face au Mali (1-1) et à l’Afrique du sud (0-0).
Ce fiasco suscite plusieurs interrogations sur le rôle de la direction technique au sein des clubs tunisiens en général et de la FTF en particulier et sur le système de formation des jeunes.
Une génération de joueurs médiocres
Au fil des années, la qualité du football tunisien s’est considérablement dégradée. Ajouté à la gestion calamiteuse de la FTF, le manque d’investissement et d’engagement dans le développement des infrastructures et envers les sélections nationales, les clubs et les joueurs, a contribué à faire de la génération actuelle l’une des plus médiocres et des plus décevantes de l’histoire du football tunisien.
La plupart de nos grands clubs possèdent certes chacun sa propre académie de football. Mais celle-ci n’est plus accessible aux jeunes issus des familles pauvres qui n’ont pas les moyens de payer les frais de la formation et encore moins les coûts des équipements indispensables. Ce qui manque également aujourd’hui ce sont les terrains de quartiers où les jeunes pouvaient jouer gratuitement. De ces terrains de quartiers, qui furent de véritables écoles de base de football, étaient sortis, par le passé, les meilleurs footballeurs tunisiens.
Il est donc impératif de revoir tout le système de gestion de notre football et de mettre en place une direction technique digne de ce nom, autonome et compétente, au sein de chaque club et, à plus forte raison, au sein de la FTF, qui aura pour mission le recrutement des staffs techniques ou des joueurs, tâche jusqu’ici confiée aux présidents et à certains de leurs proches collaborateurs.
Il est aussi impératif de créer des terrains multisports dans chaque quartier, pour permettre aux jeunes de pratiquer gratuitement leurs sports favoris, sans que leurs parents ne soient obligés de payer chèrement leur formation.
L’exemple de la Pologne
A la fin de l’âge d’or du football polonais dans les années 70 à 80, lorsque la sélection polonaise avait atteint le sommet de la gloire avec 1 médaille d’or aux JO de Munich en 1972 et 2 médailles de bronze au Mondial 74 en Allemagne et 82 en Espagne, la Fédération polonaise de football a chargé sa direction technique de se pencher sur les raisons du recul du niveau technique des joueurs de l’équipe nationale et de trouver rapidement des solutions adéquates.
Le rapport de la direction technique a imputé ce recul au manque de terrains de quartiers. En 2005, le gouvernement polonais a commencé à construire, par étapes, 1000 terrains de quartiers. Grâce à ces infrastructures, le niveau technique des jeunes s’est nettement amélioré avec l’apparition de joueurs talentueux ayant fait le bonheur des grands clubs dans le monde.
La création de terrain multisports de quartier (40 x 63) en gazon synthétique pourrait être une des solutions pour améliorer le niveau technique de nos joueurs et permettre aux jeunes footballeurs de pratiquer leur sport préféré, encore faut-il assurer aussi une gestion technique saine du processus de formation des joueurs dès leur plus jeune âge.
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