Le poème du dimanche : ‘‘La Rue Ravignan’’ de Max Jacob

Né en 1876, à Quimper, en Bretagne, dans une famille juive, Max Jacob, est poète, peintre et critique français. Il a appartenu aux mouvements cubiste, symboliste, et surréaliste. (Portraits de Max Jacob par Picasso et Modigliani).

Max Jacob se lie d’amitié avec Pablo Picasso et Jean Cocteau. Se convertit au catholicisme et se retire dans une abbaye, à Saint Benoît-sur-Loire. Il est arrêté par la Gestapo, en 1944, placé au camp de Drancy, où il décède d’une pneumonie.

Œuvres : Chants bretons, Le cornet à dès, Fond de peau, Rivage.

Tahar Bekri

On ne se baigne pas deux fois dans le même fleuve, disait le philosophe Héraclite. Pourtant, ce sont toujours les mêmes qui remontent ! Aux mêmes heures, ils passent gais ou tristes. Vous tous, passants de la Rue Ravignan, je vous ai donné les noms des défunts de l’Histoire ! Voici Agamemnon ! Voici Mme Hanska ! Ulysse est laitier ! Patrocle est au bas de la rue qu’un Pharaon est pris de moi. Castor et Pollux sont les dames du cinquième. Mais toi, vieux chiffonnier, toi, qui, au féérique matin, viens enlever les débris encore vivants quand j’éteins ma bonne grosse lampe, toi que je ne connais pas, mystérieux et pauvre chiffonnier, toi chiffonnier, je t’ai nommé d’un nom célèbre et noble, je t’ai nommé Dostoïevski.

Le cornet à dès, 1917, Ed. Gallimard

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