Tunisie : les opportunités d’exportation du «Quatrième district», selon Samir Abid

Le ministre du Commerce et du Développement des exportations Samir Abid semble avoir bien retenu la leçon en adoptant publiquement la nouvelle répartition du territoire national en régions et districts, comme proposée par le président de la république Kaïs Saïed. Comme quoi, on n’arrête pas le progrès…

Imed Bahri    

Samir Abid est, sauf oubli de notre part, le premier responsable du gouvernement à avoir officiellement adopté cette nouvelle répartition en présentant les statistiques du commerce et des exportations du «Quatrième district» (sic!).

Intervenant lors de la «Matinée régionale de l’exportation» organisée par le Centre de promotion des exportations (Cepex) à Sfax, vendredi 25 octobre 2024, sous le slogan «Les régions exportent», le ministre a indiqué que «le Quatrième district, qui regroupe les gouvernorats de Sfax, Tozeur, Gafsa et Sidi Bouzid, connaît une dynamique exportatrice positive durant les neuf premiers mois de cette année (jusqu’au 30 septembre 2024), puisque ses exportations ont atteint environ 3,7 milliards de dinars tunisiens, soit un taux de croissance de 31,5% par rapport à la même période de l’année dernière. Ses recettes d’exportation représentent 9% du total des exportations nationales, sans compter celles de l’énergie, des carburants et les mines)».

12,8% de l’appareil exportateur du pays

«Malgré ces résultats palpables, il existe encore des secteurs économiques où les opportunités d’exportation restent inexploitées et qui sont estimées à 2,42 milliards de dinars», a souligné le ministre, en insistant sur «la nécessité d’identifier ces opportunités et de les exploiter de manière à renforcer nos capacités d’exportation». Et ce en profitant des accords commerciaux, des outils d’aide et d’accompagnement et des mécanismes de financement et de garantie des opérations exportatrices.

Samir Abid a, par ailleurs, indiqué que «le Quatrième district représente 12,8% de l’appareil exportateur du pays, étant donné qu’il compte 720  entreprises dont 336 totalement exportatrices, ainsi que 56 société de commerce international dont les recettes d’exportation représentent 10% des exportations globales du district».

Le ministre n’a cependant pas précisé les parts de chaque gouvernorat dans le total des exportations du 4e district, mais on devine aisément que c’est le gouvernorat de Sfax qui, histoire oblige, en accapare la plus grosse partie.       

«La répartition du pays en districts a d’importantes répercussions positives et contribuera au renforcement du commerce international et d’impulser le rythme des exportations, car elle permet de définir les avantages concurrentiels de chaque région de manière très précise, en plus de sa contribution à l’amélioration de l’infrastructure nécessaire aux opérations d’exportation, comme les routes, les ports et les aéroports, de manière à faciliter la logistique de transport des marchandises et d’en baisser les coûts», a encore expliqué le ministre. Sans préciser comment, concrètement et en pratique, cette nouvelle répartition territoriale – qui est pour le moment un simple gadget politique pour gagner des voix dans des élections – va-t-elle permettre d’améliorer les infrastructures dans le pays, sachant que les décisions concernant celles-ci sont toujours prises au niveau central.

24 gouvernorats répartis (horizontalement) en 5 districts

Rappelons que le président Saïed a promulgué un décret présidentiel, paru le 22 septembre 2023 dans le Journal officiel de la république tunisienne (Jort), portant sur la répartition du pays en 5 districts, une première dans l’histoire de la Tunisie.

Le premier district comprend les gouvernorats de Bizerte, Béja, Jendouba et Kef, le deuxième Tunis, Ariana, Ben Arous, Manouba, Zaghouan et Nabeul, la troisième Siliana, Sousse, Monastir, Mahdia, Kasserine et Kairouan, le quatrième Tozeur, Gafsa, Sidi Bouzid et Sfax et le cinquième Tataouine, Gabès, Kébili et Médenine.

Ces régions et districts ont des représentants au sein du Conseil national des régions et des districts, la seconde chambre parlementaire récemment élue et mise en place. Et c’est cette dynamique décentralisatrice et tournée vers les régions que le président Saïed cherche à mettre en route. Encore faut-il que les mauvaises habitudes héritées du passé cèdent devant les «nouvelles approches» qu’il préconise. Et c’est là une autre pair de manche…

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