Kaïs Saïed n’abandonne pas officiellement la piste d’un prêt du Fonds monétaire international (FMI) de 1,9 milliards de dollars pour redresser les finances publiques en grande difficulté de la Tunisie, mais les hésitations de l’institution prêteuse semblent l’énerver au plus haut point. Et il le laisse transparaître.
Le président de la république, en visite mardi 13 juin 2023, à Redeyef, à Gafsa, a appelé les jeunes chômeurs qui bloquent la production de phosphate à faire preuve de patriotisme pour contribuer à la reprise économique du pays. «Nous avons de l’or mais il est jeté au bord de la route», a-t-il lancé, par allusion à ce qu’il considère comme des richesses dilapidées du pays, l’un de ses thèmes favoris.
«Les revendications des habitants de la région sont légitimes, mais on doit cesser de leur vendre des chimères et de les endormir par de fausses solutions», a encore déclaré le chef de l’Etat, en ajoutant : «La Tunisie a besoin aujourd’hui du phosphate et de toutes ses richesses nationales pour relever les défis économiques et sociaux, et il faut que ce secteur reprenne son rythme habituel de production afin que nous n’ayons pas besoin de recourir à l’étranger».
Le président fait ici allusion aux aides macroéconomiques que la Tunisie sollicite auprès des bailleurs de fonds étrangers pour couvrir ses besoins de financement intérieurs et extérieurs. Et parmi ces bailleurs de fonds, il y a bien sûr le FMI, qui a donné un accord de principe, depuis octobre dernier, pour un prêt de 1,9 milliard de dollars, tout en hésitant encore à donner son accord définitif, estimant que la Tunisie ne répond pas aux conditions requises parce qu’elle rechigne à engager les réformes structurelles sur lesquelles elle s’était pourtant engagée.
A ce propos, Saïed a lancé aux présents, un trémolo dans la voix : «Je le dis tout haut au monde entier : nous ne nous inclinerons que devant Dieu». Et d’ironiser en recourant à ses références religieuses habituelles : «Il n’y a pas dans le Coran une sourate qui porte le nom du Fonds monétaire international».
Est-ce à dire que le président de la république a abandonné définitivement l’option du crédit du FMI ? La question est d’autant plus légitime qu’il a déclaré hier : «Avec nos moyens et nos capacités, propres nous pouvons imaginer de nouvelles voies pour créer la richesse», tout en appelant les présents à lancer des projets personnels et à exploiter les terres agricoles pour créer ces richesses.
«Je ne vends pas des chimères. Je vous montre la voie pour créer la richesse à travers les entreprises communautaires», a-t-il lancé, estimant que ces entreprises, censées être financées par des fonds mobilisés par l’Etat, pourraient, le jour où elles entreront en production, satisfaire les besoins financiers du pays. Qui a parlé de chimères ?
I. B.
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