Dans sa guerre contre ce qu’elle appelle «l’économie de rente» et «le cartel des banques», responsables selon elle de tous les maux de l’économie tunisienne, l’organisation Alert soutient la position du président Saïed concernant l’«indépendance» de la Banque centrale.
La Banque centrale de Tunisie (BCT) n’est pas indépendante de l’Etat ou du gouvernement en matière de politique monétaire, a souligné l’organisation Alert, spécialisée dans la lutte contre l’économie de rente, soutenant ainsi la position récemment exprimée par le président de la république à ce sujet et qui a provoqué une vive controverse dans le pays.
Dans une note publiée mardi 13 septembre 2023, Alert souligne que le débat sur l’indépendance de la BCT part d’une approche contradictoire, d’autant que la composition du directoire de la BCT montre que 6 de ses 9 membres sont nommés par décret gouvernemental après examen par un conseil des ministres.
Selon Alert, la BCT n’est pas indépendante du gouvernement, puisque les deux-tiers des membres de son conseil d’administration sont nommés par le gouvernement.
Le directoire de la BCT est composé du gouverneur, du vice-gouverneur, du président du Conseil du marché financier, du directeur chargé de la gestion de la dette publique au ministère des Finances, du directeur chargé de la prévision au ministère du Développement économique, deux professeurs des universités spécialisés en finance et en économie nommés par décret gouvernemental après délibération du Conseil des ministres réuni sur proposition du gouverneur et après avis du ministre de l’Enseignement supérieur, et deux membres ayant travaillé antérieurement dans une banque et ayant au moins 10 ans d’expérience dans le domaine bancaire ou financier.
Ces deux membres sont nommés par décret gouvernemental, le premier sur proposition du Gouverneur et le second sur proposition du président de l’Association tunisienne des professionnels des banques et établissements financiers (ATPBEF).
Selon l’organisation, la composition du conseil d’administration de la BCT corrobore l’idée selon laquelle «la banque centrale n’est pas indépendante du gouvernement, puisque celui-ci nomme les deux tiers de son conseil d’administration», explique Alert.
L’organisation appelle également à mettre fin à «la politique financière schizophrène et contradictoire de la BCT, qui, d’une part, asphyxie l’économie et les citoyens en appliquant des taux d’intérêt excessifs visant à réduire la masse monétaire et, d’autre part, permet l’emprunt public à travers le financement automatique des bons du Trésor par les banques. Ce qui a maintenu à la hausse les niveaux de l’inflation, en raison du recours à la planche à billets pour financer le budget (et les salaires), d’un côté, et de l’autre, l’asphyxie de l’économie en raison des taux d’intérêt élevé qui dissuadent les entreprises d’investir/»
«Ainsi, la banque centrale a échoué à maîtriser les prix et à soutenir la croissance économique et l’emploi, deux missions inscrites dans son statut» , conclut Alert.
Lors de sa visite au siège de la BCT, le 8 septembre, le président de la république avait appelé à une révision de l’article 25 des statuts de la BCT, promulgué en 2016.
«Le rôle principal de la BCT a été de contrôler l’inflation. Toutefois, il est nécessaire d’améliorer et de développer les textes juridiques pour que la banque puisse jouer pleinement son rôle, en tant qu’établissement public autonome, mais non indépendant de l’Etat», a déclaré le chef de l’Etat, appelant à «distinguer entre indépendance de la politique monétaire et indépendance de la politique budgétaire», laissant entendre que l’Etat pourrait relever directement auprès de l’Institut d’émission les fonds dont il aurait besoin pour financer son budget, alors que jusqu’ici il devait passer par un emprunt obligataire via les banques de la place.
Saied a également déclaré, dans ce contexte, que les dispositions de la loi de 1958 étaient meilleures que celles de 2016, qui, selon lui, servent les intérêts des banques commerciales.
I. B.
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