Stratégie d’amélioration du climat d’affaires en Tunisie : le oui mais du patronat…

A propos de la « Stratégie nationale d’amélioration du climat des affaires » présentée par le ministre de l’Economie et de la Planification (MEP), le 20 janvier 2023, aussi bien l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica), que la Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (Conect), ont émis de sérieuses réserves et critiques, et des recommandations pressantes.

Selon Hichem Elloumi, vice-président de l’Utica, les orientations de cette stratégie ne sont pas suffisamment cohérentes, car tout en parlant d’améliorations en faveur des entreprises, l’Etat adopte une Loi de Finances 2023 qui fait pression sur elles en termes fiscal et financier.

Par ailleurs, Tarak Chérif, président de la Conect, trouve qu’une croissance de 2,1% prévue dans cette stratégie (contre 1,8% dans le budget de l’Etat 2023), est insuffisante pour créer des emplois et restaurer la compétitivité du pays, alors que certains pays réalisent des taux d’environ 6% et 7% comme en Afrique.

Concernant le Port de Radès, véritable goulot d’étranglement pour l’économie nationale, M. Cherif pense que l’Etat doit répondre aux demandes déjà émises de se pencher sur les problèmes logistiques. Le rythme moyen de traitement de 5 à 6 conteneurs/heure de ce port est vraiment lent, alors que dans des ports africains, il est de 60 conteneurs/heure !, a-t-il fait remarquer, à juste titre.

Pour ce qui est des recommandations, l’accent est mis par M. Elloumi sur la nécessité de réviser la réglementation des changes, une priorité d’ordre national. Cette remarque fait allusion à la promesse de Marouane El Abassi, gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT) que ce texte sera publié dans le courant de 2023. De même, il est tout aussi important pour M. Elloumi d’encourager les exportations et les investissements.

Parlant de mise en œuvre des réformes prévues, Tarak Chérif recommande plus de rapidité, vu le facteur temps qui impacte la relance de l’investissement. Il demande également à accélérer la mise en œuvre de l’Open Sky en Tunisie et à encourager le tourisme hivernal pour pouvoir rouvrir des unités hôtelières actuellement fermées. Cette mise en œuvre pour améliorer le climat des affaires, rappelle M. Chérif, contribuera à améliorer le positionnement de la Tunisie qui s’est détérioré dans différents classements internationaux ces 10 dernières années.

Compte tenu aussi de la cherté de la vie, M. Chérif souligne l’importance d’augmenter la productivité, pour pouvoir augmenter les salaires.

Pour sa part, Walid Ben Salah, président de l’Ordre des experts comptables de Tunisie (OECT), estime que pour mettre en œuvre cette stratégie, il faut initier une gouvernance des réformes en assainissant le climat des investissements, une réforme de la fonction publique, et une réforme de la fiscalité.

A. M. (avec TAP)

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