La Tunisie impuissante face au fléau de la violence dans les stades

Le fléau de la violence dans les stades, alimenté par la haine larvée que se vouent mutuellement  les supporters et les agents de l’ordre, prend des proportions inquiétantes en Tunisie. En l’absence d’une gestion efficace de la part des autorités, il est à craindre que ce fléau ne déborde sur la société dans son ensemble.

Par Imed Bahri

Le ministère de l’Intérieur a annoncé, dimanche, dans un communiqué, qu’une enquête sera ouverte pour déterminer toutes les circonstances des actes de vandalisme survenus samedi 29 avril 2023 au stade Hammadi Agrebi de Radès, à l’occasion du match opposant l’Espérance de Tunis et la JS Kabylie (1-1) comptant pour les quarts de finale retour de la Ligue des Champions d’Afrique de football.

Violence, vandalisme, affrontements

«Suite aux actes de vandalisme qui se sont produits samedi au stade Hammadi Agrebi de Radès… à lentrée dun groupe de personnes par effraction à un entrepôt situé sous les gradins et à lutilisation du matériel trouvé pour attaquer les forces de sécurité, le ministre de lIntérieur, Kamel Feki, a autorisé louverture dune enquête pour déterminer toutes les circonstances de ces événements et les poursuites judiciaires contre toutes les personnes impliquées», précise le communiqué.

Le ministre de l’Intérieur avait effectué ce dimanche une visite d’inspection aux unités de sécurité installées au stade de Radès pour prendre connaissance de leur état de préparation, leur recommandant de bien assurer la sécurité de tous les matchs et manifestations sportives, et soulignant la nécessité de faire face à tous les actes de violence et de vandalisme et d’appliquer la loi contre tout contrevenant, dans le plein respect des principes des droits de l’homme.

Voilà pour la réaction officielle aux violences survenues samedi au stade de Radès, mais qui ne calme pas les esprits intrigués par ce qui s’est passé, notamment l’incendie survenu à l’une des entrées du stade, et qui a retardé la reprise de la seconde mi-temps du match de quelque 40 minutes.

Les affrontements entre les agents, présents en grand nombre, et certains spectateurs armés de barres de fer ajoutent à la confusion. Et ce n’est pas cette soi-disant enquête, si tant est qu’on en saura un jour les conclusions, qui va dissiper les soupçons et, surtout, les inquiétudes face à la répétition de ces incidents lors de la plupart des grands événements sportifs.

Des allégations sans queue ni tête

Que se passe-t-il dans le pays ? Comment expliquer cette hostilité à fleur de peau entre la police et les spectateurs ? Et si, comme le prétendent certains analystes, la violence dans les stades exprime en réalité un malaise social voire politique beaucoup plus profond ?  

II y a même eu des chroniqueurs, qui affichent tapageusement leur soutien au président de la république Kaïs Saïed, notamment Néjib Dziri, ce lundi 1er mai, dans L’émission impossible sur  IFM, qui ont parlé d’éléments infiltrés dans le public sportif pour provoquer des désordres et qui seraient manipulés par des parties politiques.

Le chroniqueur de IFM a même parlé d’une intervention du fils de Rached Ghannouchi, le dirigeant islamiste emprisonné, auprès des fauteurs de troubles, allégation impossible à vérifier et qui peut paraître fantaisiste.

Néjib Dziri, qui est capable de justifier tout et n’importe quoi par un supposé complot contre Kaïs Saïed, est même allé plus loin en affirmant que des agents de sécurité, recrutés en 2012 et 2013, sous le règne du parti Ennahdha, œuvrent, eux aussi, à pourrir la situation sécuritaire en croisant à chaque fois le fer avec les supporters dans les stades.

Ces allégations sont sans queue ni tête et traduisent une grave confusion dans l’esprit de leur auteur, lequel croit servir le président Saïed en semant ainsi la confusion dans l’esprit des Tunisiens. Mais en l’absence d’une communication précise et efficace de la part des autorités sécuritaires, il est à craindre que ce fléau de la violence dans les stades ne déborde sur la société dans son ensemble.

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