Quand l’héritage bâti et urbain du protectorat en Tunisie sera-t-il, véritablement, considéré comme un héritage national, digne d’intérêt, objet de sollicitude et de stratégies de préservation et de réhabilitation ?
Par Leith Lakhoua *
Que deviennent la plupart des tissus urbains des villes de Tunisie, à l’aube du XXIe siècle, aujourd’hui, habitées, majoritairement, par des Tunisiens ? A l’instar des édifices du protectorat et du XXe siècle, les quartiers centraux de Tunis, pris dans les limites de la ville, des années 1930-1950, se détériorent. Assainissement défaillant et obsolète, trottoirs et chaussées, défoncés et abîmés, éclairage public, en berne, réseaux inadéquats.
L’héritage récent, de la période du protectorat, qui abrite, aujourd’hui, de nombreux citoyens, dans ses murs, ne serait-il pas digne de figurer au rang d’héritage historique reconnu et validé par les pouvoirs publics ?
Si les voix de la société civile et des associations s’élèvent, depuis peu, pour réclamer plus d’attention, aux enjeux culturels et d’usage, de ce patrimoine récent et habité, force est de constater que, sur le terrain, les édifices subissent, lentement et sûrement les effets d’une dégradation certaine, faute d’entretien, de gestion et de moyens. Ainsi c’est tout un pan de la culture et de la conscience patrimoniale, de cet héritage récent et actuel, qui est oblitéré et oublié.
La question de la réhabilitation de ces tissus dégradés et de leur préservation passe, d’abord, par une reconnaissance du droit au logement et à la ville, à la mixité sociale et fonctionnelle, pour les habitants des quartiers centraux de Tunis. Ensuite, par une prise de conscience officielle de la valeur économique, patrimoniale et sociale de ces ensembles uniques, la plupart du temps, situés stratégiquement, au centre-ville des agglomérations.
Toute la question est de savoir, à partir de quand l’héritage bâti et urbain du protectorat sera, véritablement, considéré comme un héritage national, digne d’intérêt, objet de sollicitude et de stratégies de préservation et de réhabilitation, en attendant notre peur c’est de voir ces beaux bâtiments historiques détruits sous prétexte qu’il n’est pas possible de concilier protection du patrimoine et sécurité des habitants , une habituelle solution de facilité des autorités.
* Agriculteur, fondateur et ancien président du Synagri.
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