Un projet portuaire avec une composante urbaine baptisé Terminal Ro-Pax Bizerte Sud-Zarzouna verra le jour dans les prochaines années à Bizerte, moyennant un investissement total de 216 millions d’euros.
Ce sera un port moderne et digital, équipé des dernières technologies en matière de gestion, d’optimisation et d’interconnexion des opérations ainsi que des différents opérateurs de la communauté portuaire.
Le groupement d’étude DTA-Map-Setec a présenté pour la première fois les grandes lignes du projet Terminal Ro-Pax, dans le cadre du Forum régional sur le partenariat public/privé (PPP) en Afrique du Nord, organisé récemment à Tunis par la Banque africaine de développement (BAD), la Caisse de dépôt et consignations (CDC) et l’Instance générale de partenariat public-privé (IGPPP) sur le thème «Pour une croissance durable et inclusive».
Accroître la capacité portuaire de Bizerte
Dans une interview accordée à l’agence TAP, le chef du projet, Borhane Dhaouadi, a indiqué que la réalisation de ce port dans le cadre d’un partenariat public/privé vise à diversifier l’offre portuaire du port de Bizerte-Menzel Bourguiba qui ne manquera pas de renforcer les échanges et les flux logistiques entre les deux rives de la Méditerranée avec une offre de services modernes pour les professionnels et les particuliers.
Il s’agit d’un projet de développement économique intégré, qui devrait se faire en partie sur la rive sud du canal de Bizerte et sur la baie du terminal pétrolier, ce qui permettrait d’accroître l’attractivité et la capacité portuaire de Bizerte, souligne le responsable. Et de préciser que ce projet, qui n’engage pas l’État financièrement, représente aussi l’exemple d’un terminal moderne et digital capable, également, de s’adapter aux exigences environnementales qui évoluent de manière continue. «Cette performance peut être pensée par l’utilisation d’équipements moins polluants comme l’électrification des navires à quai et l’accueil à terme d’une flottille de bateaux fonctionnant au gaz naturel liquéfié (GNL)», a-t-il indiqué.
Le projet consiste en un terminal portuaire avec une activité mixte : RoRo (remorques et engins non accompagnées), ferries (voitures et passagers) et croisières, a-t-il expliqué, ajoutant qu’il comporte également une composante immobilière importante censée équilibrer les investissements très importants liés aux infrastructures portuaires.
«Ce terminal soulagera la pression sur les activités des ports de Rades et de la Goulette souvent saturés et œuvrera pour le renforcement des lignes existantes et le développement de nouvelles lignes», explique encore Dhaouadi. Et de poursuivre qu’une fois achevé, ce projet incitera de facto les Installations existantes à améliorer la qualité de leurs services au niveau du départ et de l’arrivée des marchandises.
2000 emplois à la clé
Capable de créer plus de 2.000 emplois directs et indirects, le Terminal Ro-Pax exigera un investissement de 216 millions d’euros (dont 110 M€ pour la première phase et 106 M€ pour la deuxième), avec un périmètre d’intervention qui s’étale sur 16 Ha, dont 13 Ha de terre-plein portuaire.
Le financement du projet se fera à travers un groupement d’institutions financières internationales privées avec une participation potentielle de quelques organismes de financement tunisiens pour la composante immobilière, précise Dhaouadi.
La date du démarrage des travaux sera fixée après l’obtention de l’accord définitif par l’Etat, sachant que l’accord de principe a été notifié, le 29 décembre 2022, par l’Office de la marine marchande et des ports (OMMP), a-t-il ajouté, estimant qu’après le bouclage du financement, les travaux pourraient débuter à partir de janvier 2025 et devraient durer 24 mois.
«Le lancement officiel et le démarrage des activités ne pourra pas se faire avant janvier 2027», a encore fait savoir Dhaouadi. Et d’expliquer que la mise en place de ce type de projets nécessite au minimum 4 ans entre études et travaux pour les projets privés et un minimum de 10 ans pour les projets publics.
Projet urbain autour d’une locomotive économique
Répondant à une question sur la spécificité de ce projet et la différence avec la Marina de Bizerte, il a expliqué qu’il s’agit là d’un port de commerce avec une composante passagers et croisière qui n’a absolument rien à voir avec la Marina de Bizerte. «Il ne peut en aucun cas être considéré comme un concurrent aux installations existantes bien au contraire il sera programmé pour anticiper l’évolution potentielle des échanges dues a la délocalisation de l’industrie en zones euro-méditerranéennes des suites du contexte économiques mondial (Covid et guerre d’Ukraine) et l’augmentation spectaculaire des coûts du transport et de la logistique», a-t-il expliqué.
Le projet se situe sur une friche portuaire existante, délabrée et inexploitée le long du canal de Bizerte côté Zarzouna à droite du pont mobile en allant vers Bizerte. Il sera aménagé sur un terre plein portuaire d’environ 16 hectares gagnés en partie sur une plage portuaire du côté du quai pétrolier.
La proximité immédiate des habitations ainsi que de celle de la faculté des sciences de Bizerte et l’absence de centralité urbaine à Zarzouna a poussé les concepteurs à concevoir un véritable projet urbain autour d’une locomotive économique qui est le port, a conclu le responsable.
D’après Tap.
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