«En Tunisie, autrefois considérée comme un bastion des libertés, le poète Dr. Sami Dhibi a été arrêté en raison d’une publication sur Facebook critiquant le ministère tunisien des Affaires culturelles. Sami est une voix libre, et son arrestation ou détention est contraire au principe de la liberté d’expression.»
Par Hssan Briki
Ce poste a été partagé sur les réseaux sociaux par un groupe d’universitaires, de syndicalistes et d’activistes de la scène culturelle en Tunisie à la suite de l’arrestation du poète, universitaire et syndicaliste, Sami Dhibi.
«Ministre de l’absurdité, de la bêtise, de la lâcheté…»
Ce dernier, qui est également un cadre du ministère des Affaires culturelles, a comparu devant le tribunal hier, lundi 23 juillet 2023, en raison d’une plainte déposée contre lui par le ministère public suite à une publication Facebook partagée le 22 octobre 2022 où il critiquait vertement et en des termes très crus la ministre des Affaires culturelles, Hayet Ketat Guermazi.
Dans son post, Dhibi s’adresse à sa supérieure hiérarchique en ces termes peu choisis: «Ministre de l’absurdité, de la bêtise, de la lâcheté… « Harza Hammam » (masseuse de bain maure, Ndlt); je ne descendrai pas à ton niveau, ni au niveau de tes mouchards et de ton immoralité… Mon soulier est plus noble que toi. Nous avons lutté à l’époque du ‘‘général Ben Ali’’ et nous n’avons pas eu peur et nous ne nous sommes pas rendus. À cette époque, c’étaient toi et les fonctionnaires qui étiez des instruments du régime et des porte-voix de la dictature… Ton ingérence dans mes affaires créatives et intellectuelles est une honte pour la nouvelle Tunisie… Une attaque contre la liberté de pensée et d’expression.»
Liberté d’expression ou diffamation ?
Les opinions divergent concernant cette publication. Certains considèrent qu’elle participe de la liberté d’expression, surtout que la personne visée est une personnalité publique et politique, ce qui, selon eux, justifie ce type de critique assez directe. D’autres la considèrent comme diffamatoire et calomnieuse, car même si la personne visée est une responsable publique, cela ne permet pas l’atteinte à sa dignité.
Il est normal que les opinions diffèrent sur le ton de la publication et les termes utilisés, mais il y a un consensus sur le fait que la peine de prison n’est pas appropriée pour ce type de délit du reste sanctionné par la loi, y compris le Décret-loi n°2011-115 du 2 novembre 2011 relatif à la liberté de la presse, de l’imprimerie et de l’édition, applicable dans le cas qui nous concerne.
La privation de liberté est une punition corporelle sévère pour une simple publication sur les réseaux sociaux, même si elle dépasse les limites de la liberté d’expression. Dans ce cas, les mesures appropriées pour contrer cette expression grossière et immorale devraient être, d’abord, des excuses publiques, ensuite des compensations financières importantes décidées par un juge, et le cas échéant, la réalisation de travaux civils pour la communauté.
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