Kaïs Saïed a lancé la lutte contre la spéculation, qui serait selon lui la principale responsable de la hausse des prix, depuis au moins trois ans. Trois ou quatre ministres du commerce plus tard, le résultat est pour le moins mitigé, puisque les prix continuent leur irrépressible escalade. Aussi cherche-t-il aujourd’hui à changer le fusil d’épaule, en appelant à sévir contre les intermédiaires et leurs complices, les responsables publics «qui n’assument pas leurs responsabilités».
Recevant, hier soir, mardi 29 octobre 2024, au palais de Carthage, le ministre du Commerce et du Développement des exportations, Samir Abid, le président de la république a jugé «indispensable» de rompre avec les méthodes habituelles qui n’ont pas prouvé leur efficacité dans la lutte contre le monopole et la spéculation, appelant, pour la énième fois, à la mise en place d’une politique permanente de lutte contre la spéculation, indique un communiqué de la présidence de la république. «Au lieu de se contenter d’une ou de deux campagnes de contrôle, il faut réfléchir à une nouvelle politique», a lancé le président, en soulignant la nécessité d’«éliminer définitivement les circuits de distribution, qualifiés de réseaux criminels qui touchent à la fois les agriculteurs et les citoyens». Car, a-t-il ajouté, «l’agriculteur vend ses produits au prix bas, alors que le consommateur les achète au prix le plus élevé». «Cette différence de prix montre à l’évidence la gravité de ce crime, qui ne peut pas rester impuni», soutenu Saïed, qui incrimine ici, sans les nommer directement, les intermédiaires et leur fait porter la responsabilité de la hausse des prix.
Il passe cependant sous silence les causes structurelles et conjoncturelles de la hausse de prix des produits alimentaires, notamment l’inflation (qui plafonne à 7%), la sécheresse, la baisse de la production, la hausse des prix des intrants (semences, engrais, équipements, etc.) ou encore la hausse des prix de plusieurs produits sur les marchés mondiaux.
En vertu de la loi, le ministère du Commerce peut modifier les prix et prévoir des sanctions contre les contrevenants, a encore souligné le chef de l’Etat, appelant ainsi les autorités publiques à fixer les prix et à veiller à leur respect par les commerçants, ce que celles-ci, avec tout l’engagement et toute la bonne volonté qu’on leur connaît, n’ont jamais réussi à imposer, me marché ayant ses propres règles que fixe l’équilibre de l’offre et de la demande et autres mécanisme économiques complexes.
Dans cette nouvelle guerre annoncée contre les intermédiaires, Saïed a donné des consignes pour «l’assainissement du ministère et de l’Office du commerce de la Tunisie (OCT) et la poursuite judiciaire de toute personne qui n’assume pas ses responsabilités».
«La hausse vertigineuse des prix et la souffrance des citoyens ne peuvent pas perdurer», a estimé le président, ajoutant que le devoir commande «la prise d’une série de mesures urgentes» pour sévir contre les responsables de cette situation.
I. B. (avec Tap).
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