Un livre dévoile les dessous de l’affaire Sarkozy-Kadhafi

Le 9 janvier 2025, un ouvrage documenté et percutant voit le jour, apportant un éclairage inédit sur l’une des affaires les plus complexes de la diplomatie franco-libyenne : ‘‘L’assassin qu’il fallait sauver – Au cœur de l’affaire Sarkozy-Kadhafi’’ (éditions Robert Laffont). Écrit par Vincent Nouzille, Samir Shegwara et Karl Laske, avec une préface de Fabrice Arfi, ce livre explore les coulisses de l’un des plus grands scandales politiques contemporains, impliquant l’ex-président français Nicolas Sarkozy à la Libye de Mouammar Kadhafi.

Djamal Guettala

Au cœur de l’intrigue se trouve une figure clé : Abdallah Senoussi, l’ancien maître espion du régime de Kadhafi. Condamné en 1999 pour son rôle dans les attentats de Lockerbie et de l’UTA, cet homme a longtemps échappé à la justice. Cependant, de nouvelles révélations issues d’archives récemment découvertes mettent en lumière des pratiques de manipulation politique qui se sont étendues bien au-delà des frontières libyennes.

Les auteurs du livre décrivent comment les services secrets libyens, sous la direction de Senoussi, ont orchestré des attaques terroristes dévastatrices dans les années 1980 et 1990, notamment l’attentat de Lockerbie en 1988, qui fit 270 morts, et celui de l’UTA en 1989, où 170 personnes périrent dans le désert du Ténéré. Ces tragédies étaient rendues possibles grâce à un réseau complexe de manipulations d’explosifs et de livraisons d’armes clandestines.

Le rôle de Senoussi dans les relations franco-libyennes

Après que la Libye a été reconnue comme responsable de ces attentats, le pays, frappé par un embargo sévère, a cherché à rétablir ses relations diplomatiques avec l’Occident. Dans ce contexte, Senoussi s’est retrouvé dans une position stratégique, devenant un acteur clé des négociations entre la Libye et la France.

Le livre révèle comment, dans l’ombre, des discussions ont eu lieu pour permettre à la Libye de réintégrer la communauté internationale. L’un des enjeux majeurs était la révision du procès de Senoussi et la levée de son mandat d’arrêt en France.

Selon les archives dévoilées, l’entourage de Nicolas Sarkozy aurait plaidé en faveur de Senoussi, malgré son passé criminel, en échange d’un soutien économique et diplomatique de la Libye, ouvrant ainsi la voie à un rapprochement entre les deux pays au début des années 2000.

L’ombre des financements libyens

Mais l’intrigue ne s’arrête pas là. L’assassin qu’il fallait sauver relie ces révélations à l’affaire des financements libyens de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. Les auteurs suggèrent qu’une partie des fonds de cette campagne aurait pu provenir de la Libye, via des intermédiaires et des réseaux occultes, avec l’implication directe de figures du régime de Kadhafi.

En retraçant les événements ayant conduit à l’élection de Nicolas Sarkozy, le livre soulève des questions troublantes sur l’influence libyenne dans la politique française et sur les liens ambigus entre l’ancien président et des responsables libyens comme Senoussi.

Aujourd’hui, Abdallah Senoussi, incarcéré en Libye depuis 2012, est au centre du procès sur les financements libyens de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. L’ouvrage suggère que ces relations secrètes et compromettantes auraient non seulement facilité la réconciliation diplomatique entre la France et la Libye, mais également nourri des pratiques financières illégales en vue d’une élection présidentielle.

Les auteurs éclairent une période marquée par des zones d’ombre dans l’histoire politique contemporaine. ‘‘L’assassin qu’il fallait sauver’’ est une plongée captivante dans une affaire toujours en cours, mêlant diplomatie internationale et intrigues d’État.

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