Kais Slim, le directeur général adjoint de la société Minerali Industriali Tunisia (MIT), spécialisée dans l’exportation de sable traité, annonce de graves difficultés économiques qui vont obliger cette société italienne basée dans notre pays à recourir au licenciement économique de tous ses employés après l’arrêt de ses activités dans ses usines de Sousse et Oueslatia depuis le 17 mars dernier.
La cause de cette crise qu’il qualifie de «catastrophe» est la mise en place d’une taxe de 100 dinars/tonne pour un prix moyen de 60 dinars à la tonne sur tout sable destiné à l’exportation, donc une fois et demie le prix de vente. Cette mesure fiscale risque d’hypothéquer l’avenir de 60 familles tirant directement leur subsistance de la société et 200 autres indirectement.
Dans un communiqué dont Kapitalis a reçu copie, MIT annonce qu’elle se trouve désormais «dans l’obligation de procéder à un licenciement économique de tous ses employés soit 60 personnes», ajoutant que cette décision a déjà été communiquée officiellement à l’Inspection du Travail de Tunis et Kairouan le 19 mai 2023.
La société affirme, par ailleurs, avoir contacté toutes les autorités tunisiennes compétentes et n’a pas pu trouver une solution viable à la taxe de 100 dinars/tonne sur tout sable destiné à l’exportation, instaurée par l’article 26 de la loi des finances 2023. «Cette taxe représente un taux illogique de 150% du prix moyen de vente de 60 dinars la tonne et a complètement exclu le sable tunisien du marché mondial», a indiqué la société dans des lettres officielles adressées à la présidence de la république, au Premier Ministre, aux ministres des Finances, des Affaires Sociales, de l’Industrie, à la Douane Tunisienne, et aux gouverneurs de Kairouan, Sousse, Zaghouan et Tataouine, auxquelles elle affirme n’avoir pas reçu de réponse.
MIT indique que le 20 janvier, une note douanière classifiant le sable et sa taxation selon sa teneur en silice avait permis à la société d’effectuer 10 opérations d’export soit 48.310 tonnes non soumises à la taxe. La note 006/2023 de la Douane précisait que le sable avec une teneur en silice inférieure ou égale à 99,7% n’est pas taxé, alors que le sable avec une teneur en silice supérieure à 99,7% est soumis à la taxe de 100 dinars/tonne.
Le 6 mars, et sans aucun préavis ou communication de tout genre, une note douanière a remis en application la taxe de 100 dinars à la tonne, ajoute la société. «Face à des obligations contractuelles et des pénalités drastiques, la société a dû payer la somme exorbitante de 2,6 millions de dinars pour 5 opérations d’export», précise MIT.
Mais les choses ne se sont pas arrêtées là, puisqu’il y eut un autre revirement de la part la Douane tunisienne qui, le 8 mai courant, a exigé encore le paiement de la taxe qu’elle a elle-même annulée sur les 10 opérations de 48.310 tonnes soit 4,83 MDT plus l’amende d’environ 2,5 M€ !
«Les énormes taxes payées, les obligations envers les fournisseurs, les salaires, mais encore cette nouvelle taxe exigée par la Douane, mettent la société dans une difficulté financière insurmontable», affirme MIT dans son communiqué, ajoutant que, malgré toutes ces complications, elle a donné un congé payé à tous ses employés pendant le mois saint du Ramadan.
La société italienne, pionnière en la matière, a investi au cours des 18 dernières années quelque 30 millions de dinars et implémenté en Tunisie la première usine de traitement de sable pour la verrerie. La nouvelle taxe, qui est censée valoriser le sable tunisien, désormais considéré comme un trésor national, risque fort bien de porter un coup dur au secteur, estiment ses dirigeants.
Le sable désormais considéré comme un trésor national
Après avoir apporté la technologie et le savoir-faire pour la transformation du sable pour la verrerie, MIT se trouve aujourd’hui au pied du mur et, tout en espérant en attendant un miraculeux renversement de la situation lui permettant de reprendre ses activités en Tunisie, il s’est résolu à prendre la pénible décision du licenciement économique de tous ses employés.
En plus de faire entrer des devises étrangères provenant de ses exportations, la MIT payait des salaires d’un montant de 2,7 millions de dinars par an, des cotisations, des impôts et des droits douaniers de 5,6 MDT par an et ses achats sur le marché local se montent à 21 MDT par an, rappelle la société dans son communiqué signé de son PDG Carlo Caltran. Qui conclut : «Nous sommes sincèrement désolés pour les difficultés auxquelles, malgré nous, nos employés devront faire face, mais nous leur promettons que, dès que possible, nous leur offrirons à nouveau un emploi, en espérant qu’ils veuillent bien l’accepter.»
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