Sur ce qu’elle a montré cette semaine face au Botswana, l’équipe de Tunisie a alterné deux visages, l’un dominateur mais cafouilleux, l’autre, en seconde mi-temps, opportuniste, percutant et efficace. Une bonne entrée en matière mais qui mérite confirmation. A revoir dans d’autres circonstances…
Par Jean-Guillaume Lozato *
Jeudi dernier, 7 septembre 2023, au stade de Radès, l »équipe de Tunisie de football a battu son homologue du Botswana sur le score de 3-0 et terminé les qualifications en tête de son groupe. Le contrat sportif et moral a été rempli pour les Rouges et Blancs qui officialisent ainsi leur participation pour la prochaine Coupe d’Afrique des nations (CAN) prévue en janvier 2024 en Côte d’Ivoire.
Si la Tunisie a disposé du Botswana, c’est sur un score flatteur. Toutefois il convient d’apporter une analyse adaptée à une partie qui a été marquée par quelques hésitations initiales.
La première mi-temps du match a laissé seulement entrevoir l’ensemble des qualités liées aux hommes dirigés par Jalel Kadri. Leurs opposants d’un soir ont tenu à respecter un dispositif tactique rigoureux, cohérent, loin d’être fluctuant. En raison de cela, les locaux se sont trouvés le plus souvent dans l’obligation de contourner les alignements de leurs hôtes d’un soir.
Donc une formation nord-africaine dominatrice, conduisant le débat mais un peu au ralenti malgré un semblant de maîtrise.
Abdi et Msakni au-dessus de la mêlée
C’est l’autre moitié du match qui a retenu l’attention de tout spécialiste, qu’il soit professionnel ou simple amateur.
Les offensives ont été plus tranchantes, malgré la constance de l’impact physique adverse. Alors qu’en défense Talbi a tenu son rôle convenablement quoiqu’un peu en-dessous par rapport à l’accoutumée, Laïdouni a agi une fois de plus en patron de l’entrejeu, faisant autorité de sentinelle mais aussi de créateur. La grande satisfaction est venue du flanc gauche de l’équipe nationale, avec le très intéressant relais Sayfallah Ltaïef/Ali Abdi. Le binôme a su intercepter des balles, par exemple devant Cooper, le meilleur des Botswanais. Tout en créant le surnombre en attaque, jusqu’à influencer le cours du jeu sur les trois buts marqués.
En attaque saluons la performance de haute qualité de Youssef Msakni auteur d’un doublé (le deuxième but, marqué de la tête, est un chef-d’œuvre d’opportunisme), alliée à la persévérance – par moment à la percussion si l’on se remémore la deuxième mi-temps, de Haithem Jouini.
Un ensemble perfectible
Cette reprise des matchs officiels a été l’occasion de révéler une Tunisie sur la lancée de l’an dernier. Avec un résultat positif et prochainement la participation à une compétition officielle, c’est-à-dire la CAN à laquelle elle a participé sans interruption depuis 1994.
Néanmoins, l’ensemble reste encore perfectible bien qu’il ait montré les facettes d’un profil entreprenant et victorieux. Savoir impulser un rythme dès le début de match peut s’avérer crucial. Dans le cas de figure où le onze national serait mené, cela serait problématique. Cette configuration n’est pas sans rappeler les données de base de la première mi-temps hésitante contre l’Australie au Qatar. En fait, la vigilance était bien là jeudi soir, l’endormissement en moins par rapport au match de Coupe du monde.
Attention aussi à ne pas se relâcher une fois certaines choses accomplies, comme l’erreur de Meriah en fin de match qui aurait pu coûter cher.
Ce que l’on peut tirer du match lui-même est positif dans son ensemble : une qualification définitive à un tournoi majeur; une victoire mais avec le premier but marqué contre son camp par un défenseur de l’autre camp; une certaine cohésion; un jeu beau à regarder lors de certaines phases, avec des gestes techniques alliés à l’efficacité et à la transmission (deux talonnades, des crochets déroutants, des feintes de corps de Hannibal Mejbri); un résultat qui n’est pas usurpé, la barre transversale ayant été percutée deux fois et une opposition intelligente face à des joueurs athlétiques pouvant jouer aussi bien sur le physique que sur la rapidité.
Lobby du Maghreb United
Les Aigles de Carthage sont devenus des habitués de la CAN et de la Coupe du Monde.
Pour l’instant, il est vrai que le Maroc est le leader incontestable et incontesté de la région. Mais il reste aussi l’Algérie, qui a du potentiel mais qui se cherche un peu en cette période.
Attention, cette dernière pourrait revenir si Mahrez se voyait mieux épaulé en coordination avec Zerrouki et Chaibi. Et surtout dans les changements d’aile avec le jeune Ait Nouri.
Tout comme le jeune Anas Haj Mohammed s’est montré fougueux et prometteur dans le temps de jeu qui lui a été accordé en seconde mi-temps contre la Tunisie.
Les deux pays peuvent suivre les pas du Maroc même si arriver à son niveau actuel est très difficile.
Y aura-t-il un lobby du Maghreb United à la prochaine Coupe du Monde ? Pour l’instant concentrons-nous sur la CAN et ses spécificités.
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