Euro 2024 : une finale Espagne-Angleterre sous le signe de l’offensive

Dimanche 14 juillet 2024, ce sera le grand jour. Berlin accueillera une très belle affiche pour la finale du Championnat d’Europe des Nations de football 2024. Une opposition de styles prometteuse.

Jean-Guillaume Lozato *

Angleterre-Espagne. Une formule qui résonne comme un aller-retour entre deux mondes éloignés. Ce sont deux pays européens qui ont l’Océan Atlantique en commun, mais il s’agit aussi de deux entités footballistiques bien distinctes l’une de l’autre.

L’Angleterre a été seconde du dernier Euro, défaite par l’Italie. Puis a su déployer certaines forces au dernier Mondial. L’Espagne, elle, est en train de se reconstruire depuis quelques années. Le dernier match de cette épreuve continentale promet une grande intensité.

L’Angleterre : des imprécisions mais du répondant

Gareth Southgate. Rien que le nom du sélectionneur implique la personne qui le prononce dans un débat indécis, jusqu’à la polémique parfois. Suite aux décisions du coach des Three Lions, la non-convocation de Marcus Rashford a renforcé cette tendance. Tout comme les absences de Raheem Sterling ou encore de Jordan Henderson.

Du côté du terrain proprement dit, on a pu remarquer les instabilités d’un couloir de jeu à un autre. Heureusement que le gardien Jordan Pickford brille par son efficacité et sa classe, avec un pourcentage de 85% d’arrêts. Utile lorsque l’on voit que les joueurs de champ ne savent pas gérer la pression et manquent de finition en certaines circonstances. Reste bien entendu la satisfaction de posséder un garçon comme Jude Bellingham qui fait la construction à lui tout seul, parfois aidé par Rice. Pour ce qui est de l’offensive pure, Harry Kane est l’homme de la situation et pourrait marquer encore dimanche soir.

L’Espagne : du beau jeu mais de la déconcentration

La Roja joue mieux qu’à Qatar 2022.Le constat est d’une évidence impitoyable pour ses adversaires. Elle a gagné en efficacité tout en continuant à proposer un beau jeu basé sur une circulation de balle au sol tellement rapide qu’elle donne une impression d’ubiquité inquiétante pour ses adversaires.

Dans les buts, le Basque Unai Simon impressionne par sa détermination, sa concentration. Et ses interventions allant de la parade horizontale à la manchette façon gardien de handball. Pour le reste des compartiments de jeu, des hommes comme Lamine Yamal et Inaki Williams sont là pour lancer des fulgurances, tandis qu’un homme comme Pedri joue sur un registre reposant autant sur la conservation de la balle que sur la relance.

Match spectaculaire en vue

Une Angleterre fatiguée mais avide de revanche sur le destin par rapport à la dernière édition européenne. Une Espagne rêvant de la conquête de son quatrième trophée. Nous serons donc en présence de deux incontestables puissances du ballon rond ce dimanche.

L’Angleterre, si elle veut battre l’Espagne, devra s’appliquer à rester vigilante sur ses couloirs. Particulièrement le gauche où officie le très virevoltant Marc Cucurella. Et tenter de verticaliser au maximum ou de jouer sur l’art de distiller des ballons transversaux de Cole Palmer, lequel aurait mérité jusque-là un peu plus de temps de jeu.

En revanche, l’Espagne tentera sûrement d’imposer son jeu mais cela ne passera pas par le domaine aérien. Libérer Oyarzabal de certaines lourdeurs dues aux tâches défensives pourrait se révéler judicieux sur cette éventualité, pour contrer les velléités britanniques. Pratiquer un marquage plus individuel, et non plus une défense en zone, pourrait perturber les Britanniques s’ils étaient menés.

Par conséquent, nous serons amenés logiquement à voir un match spectaculaire, fondé sur une opposition entre deux styles très vifs.

Dimanche nous révélera l’identité du prochain vainqueur. Soit un confirmé (l’Espagne), soit un inédit (l’Angleterre). Nous ne sommes pas encore arrivés au terme de cet Euro qui a allié le surprenant et le somnolent.

Deux options s’offrent donc à nous .Soit le match sera très disputé des deux côtés, avec des séquences de jeu inoubilables. Sachant que Yamal et Bellingham sont auteurs des deux plus beaux buts de la compétition. Soit les joueurs seront fatigués, ce qui fera déboucher la rencontre, comme quelques matchs de cet euro, vers un partage des points soporifique et une séance de tirs aux buts qui mettra en évidence deux excellents gardiens de but.

Allez, risquons un pronostic pour Kapitalis : 3-2 pour l’Espagne.

* Enseignant universitaire et analyste de football.