Kafon ou la marginalité créatrice

L’annonce du décès de Kafon à l’âge de 43 ans a provoqué une pluie d’hommages posthumes. Mais comme on dit ici : «𝐼𝑙𝑠 𝑜𝑛𝑡 𝑎𝑐𝑐𝑟𝑜𝑐hé 𝑢𝑛𝑒 𝑔𝑟𝑎𝑝𝑝𝑒 𝑑𝑒 𝑟𝑎𝑖𝑠𝑖𝑛 𝑎𝑢𝑡𝑜𝑢𝑟 𝑑𝑢 𝑐𝑜𝑢 𝑑𝑢 𝑑𝑒́𝑓𝑢𝑛𝑡, 𝑎𝑙𝑜𝑟𝑠 𝑞𝑢𝑒, 𝑑𝑒 𝑠𝑜𝑛 𝑣𝑖𝑣𝑎𝑛𝑡, 𝑖𝑙 𝑛’𝑒𝑛 𝑟𝑒́𝑐𝑙𝑎𝑚𝑎𝑖𝑡 𝑞𝑢’𝑢𝑛 𝑔𝑟𝑎𝑖𝑛.»

Mohamed Sadok Lejri

C’est cette chanson ‘‘Houmani’’ qui a révélé au grand public Ahmed Laabidi alias Kafon et Mohamed Amine Hamzaoui, deux jeunes rebelles, insolents, authentiques, dotés d’une fibre artistique bien prononcée et qui ont fait preuve d’une certaine polyvalence par la suite.

Très convaincant dans les feuilletons et au cinéma, Med Amine Hamzaoui s’est avéré être un comédien talentueux. Kafon, quant à lui, s’est essayé à la comédie et à plusieurs genres musicaux non sans succès.

Il n’en reste pas moins que ces deux-là s’inscrivaient dans une marginalité qu’ils n’ont jamais pu quitter à cause d’un écosystème qui soutient mal les artistes de leur trempe, c’est-à-dire grandes gueules et anticonformistes.

Le départ de Kafon à l’âge de 43 ans vient de provoquer un séisme dans le milieu artistique tunisien et dans tout le pays. Les hommages pleuvent depuis l’annonce de son décès et les réactions fusent de toutes parts. Mais comme on dit ici : «𝐼𝑙𝑠 𝑜𝑛𝑡 𝑎𝑐𝑐𝑟𝑜𝑐ℎ𝑒́ 𝑢𝑛𝑒 𝑔𝑟𝑎𝑝𝑝𝑒 𝑑𝑒 𝑟𝑎𝑖𝑠𝑖𝑛 𝑎𝑢𝑡𝑜𝑢𝑟 𝑑𝑢 𝑐𝑜𝑢 𝑑𝑢 𝑑𝑒́𝑓𝑢𝑛𝑡, 𝑎𝑙𝑜𝑟𝑠 𝑞𝑢𝑒, 𝑑𝑒 𝑠𝑜𝑛 𝑣𝑖𝑣𝑎𝑛𝑡, 𝑖𝑙 𝑛’𝑒𝑛 𝑟𝑒́𝑐𝑙𝑎𝑚𝑎𝑖𝑡 𝑞𝑢’𝑢𝑛 𝑔𝑟𝑎𝑖𝑛.»

Enfin, last but not least, Kafon n’était pas un rappeur, mais un reggaeman. Non seulement il ne manquait pas d’apporter cette précision à chacune de ses apparitions médiatiques, mais en plus sa sensibilité et la tonalité de sa voix étaient vraiment celles d’un reggaeman. Il se considérait lui-même comme reggaeman, et non un rappeur. Mais bon, allez faire comprendre cette nuance aux incultes qui travaillent dans les rubriques culturelles de nos feuilles de chou et médias audiovisuels.

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