Contrefaçon, contrebande et spéculation : une guerre perdue ?

Des lois censées dissuader les contrefacteurs, les contrebandiers et les spéculateurs existent bien en Tunisie et prévoient même de très lourdes sanctions contre les fauteurs. Les services publics (douane, police, contrôle économique) ne cessent également d’annoncer le démantèlement de circuits de trafic de toutes sortes et la saisie d’énormes quantités de produits à l’origine douteuse, mais la spéculation, la contrebande et la contrefaçon continuent de sévir dans le pays. Que faire ?

Imed Bahri

La question des produits contrefaits ou à l’origine douteuse ou inconnue et qui affectent la santé des citoyens a été évoquée par Kaïs Saïed, lors de sa réunion, lundi 25 novembre 2025, avec le ministre du Commerce et du Développement des exportations, Samir Abid.

 «Plus de tolérance envers ceux qui nuisent à la santé des citoyens en usant de manœuvres détournées pour changer la date de validité d’un produit ou l’emballage d’un autre dont la source est inconnue», a averti le président de la république, selon le communiqué publié par le Palais de Carthage.

«Autant nos exportations obéissent au contrôle rigoureux des pays de destination, autant nos importations doivent elles aussi répondre aux mêmes vérifications et soucis de rigueur», a insisté le chef de l’Etat, faisant ainsi écho aux scandales récemment révélés par des médias concernant les citoyens dont la santé a été gravement affectée par l’utilisation de produits, notamment cosmétiques, en vente libre sur le marché ou via les sites de e-commerce, dont certains opèrent dans l’illégalité totale.

La réunion a aussi permis au chef de l’Etat de mettre l’accent sur la nécessité de constituer des stocks stratégiques des différents produits de base, afin de contrer les manœuvres des grands spéculateurs, qui profitent des pénuries pour augmenter les prix et réaliser de gros bénéfices.
Parmi les attributions confiées au département du Commerce et du Développement des exportations, figure le contrôle total et rigoureux des circuits d’importation afin de faire obstacle aux spéculateurs plus soucieux du gain et du profit que du pouvoir d’achat et de la santé des citoyens, a insisté le chef de l’Etat, en indiquant que l’Office du commerce de Tunisie (OCT) a pour mission d’importer les produits selon des règles claires et de manière totalement transparente.

Reste que ces recommandations ont souvent été faites par le chef de l’Etat, que des lois censées dissuader les spéculateurs et les contrefacteurs existent et prévoient de très lourdes sanctions, que les services publics (douane, police, contrôle économique) ne cessent d’annoncer le démantèlement de circuits de trafic et de contrebande de toutes sortes et la saisie d’énormes quantités de produits à l’origine douteuse, mais la spéculation, la contrebande et la contrefaçon continuent de sévir dans le pays. La seule explication à cette situation est que le système de contrôle reste insuffisant, par manque de moyens, ou que certains agents publics sont défaillants sinon complices. Ou les deux à la fois, sachant que des pays autrement mieux outillés que le nôtre n’ont pas réussi à venir définitivement à bout de ces fléaux.  

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