L’annonce par Hamdi Meddeb de sa décision de céder la présidence de l’Espérance sportive de Tunis (EST) pour des raisons de santé, tout en restant parmi les principaux contributeurs au budget du club tunisois, n’est pas une information anodine. Car, au-delà de l’Espérance qui en sera la plus affectée, ce départ ajoute au grave malaise où se morfond actuellement le sport tunisien et plus particulièrement le football.
Par Imed Bahri
Hamdi Meddeb, qui a fait cette annonce avant-hier, jeudi 22 décembre 2022, lors de l’assemblée générale de son club, à Gammarth, a déclaré, à une assistance émue et perplexe, qu’il commençait à se sentir épuisé et que son état de santé ne lui permettait plus d’exercer les activités quotidiennes qu’exige la gestion d’un grand club engagé sur plusieurs fronts à la fois.
Meddeb, qui préside l’Espérance depuis la saison 2007-2008, estime qu’il est temps de passer la main, promettant qu’il serait le premier soutien de son successeur et qu’il n’arrêterait pas d’aider financièrement et moralement son club de toujours où il avait joué dans les années 1960 dans les catégories cadets et juniors .
Disponibilité et générosité à toute épreuve
L’Espérance n’est pas en crise et elle joue toujours pour remporter les titres sur les plans national et africain, a assuré Meddeb, et d’ajouter que les derniers faux-pas de l’équipe de football sénior sont passagers et seront surmontés rapidement. Il répondait ainsi à ceux parmi les supporters qui ont critiqué le parcours de début de saison de l’équipe championne de Tunisie et mis même en doute la gestion du président avec lequel les Sang et Or ont remporté les plus longues séries de titres de leur histoire plus que centenaire, et ce dans les trois disciplines phares du club : le football, le handball et le volleyball.
Sur un autre plan, le président de l’Espérance s’est engagé à résoudre le déficit financier présenté dans le rapport financier, qui s’élève à plus de 12 millions de dinars, après que les dépenses se soient élevées à plus de 37 millions de dinars, alors que les revenus n’ont guère dépassé 21 millions, au cours des années 2020 et 2022, marquées par la pandémie de Covid-19 et le déroulement des rencontres devant des gradins quasi-vides, situation que l’absence de stade disponible à Tunis en ce début de saison 2022-2023 a aggravé, menaçant de priver encore l’Espérance de la présence de ses supporters.
Cette perspective, Meddeb refuse de l’envisager : «L’équipe ne jouera aucun de ses futurs matchs sans le soutien et la présence de ses supporters, et c’est l’un de ses droits légitimes», a lancé le président sortant, qui, n’en doutons pas, fera tout son possible pour tenir sa promesse.
Malgré la tristesse qui a imprégné l’atmosphère générale lors de l’assemblée générale à la perspective du départ de Meddeb de la présidence du club Sang et Or, son nom étant rattaché à jamais à l’âge d’or du club de Bab Souika, la promesse de ce dernier de ne pas s’éloigner totalement de la «famille espérantiste» et de veiller à ce que le club demeure toujours entre de bonnes mains, a redonné quelque espoir à tous ceux, très nombreux au Parc Hassen Belkhodja, qui ne conçoivent pas l’Espérance sans la précieuse présence de «Si Hamdi».
Une succession difficile
Il faut dire que l’homme d’affaires, fondateur et président de l’un des groupes agroalimentaires les plus importants en Tunisie et en Afrique du Nord, Le Groupe Délice, a marqué de son empreinte indélébile non pas seulement l’évolution de l’Espérance de Tunis, mais aussi celle du football tunisien au cours des quinze dernières années.
Discret, fuyant les lumières, et ne faisant jamais des déclarations pouvant susciter des polémiques, Hamdi Meddeb s’est toujours démarqué des autres présidents de clubs, narcissiques, farfelus et bavards. Il se distingue par son calme, sa pondération, sa générosité et sa disponibilité totale pour aider son club et lui ouvrir les meilleures perspectives de succès, sans forfanterie. Et c’est ce qui va le plus manquer, avec son départ du Parc Hassen Belkhodja, aux Espérantistes, qui trouveront sans doute un bon successeur au sein de la grande famille Sang et Or, mais quelle que soit la personnalité et le talent du prochain président, Hachemi Jilani ou un autre, la succession de «Si Hamdi» s’annonce d’ores et déjà difficile.
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