On connaît l’historien, le traducteur et l’écrivain français André Miquel, notamment pour son attachement au monde arabe, mais on connaît moins le poète et son inspiration également ancrée dans la connaissance de la culture arabe.
Le 13 septembre 2023, le village de Saint-Jean-de-Fos (Hérault, en pays occitan) rend hommage à l’enfant du pays, le grand arabisant et ancien professeur de langue arabe et littérature classique au Collège de France, André Miquel (1929-2022). Avec célébration officielle et évocations de son œuvre.
Historien, traducteur, écrivain, son regard est des plus exigeants, lançant à la fin de sa vie : «Il faut que le monde arabe se ressaisisse !». Son amour et son soutien indéfectible au monde arabe, tout au long de sa vie intellectuelle, ne sont pas à démontrer.
On connait moins l’œuvre du poète, dont l’inspiration ne manque pas d’ancrage dans la culture arabe, ainsi il a écrit Zi’baq al-layali (‘‘Mercure des nuits’’) en arabe, traduit par lui-même en français. André Miquel, le poète, est resté peu connu. Faut-il espérer enfin qu’une institution tunisienne lui rendra hommage, ce ne serait là que reconnaissance et considération de son œuvre !
Quelques titres : Abu al-Atahiya, Poèmes de vie et de mort, trad. Sindbad/Actes sud; Poèmes réciproques, bilingue, arabe-français, Dar Al Jamal; Beau calcaire, notre mémoire, Domens Eds Pezenas; Layla ma raison, Seuil; Les mille et une nuits, traduction avec Jamel Eddine Bencheikh, La Pléiade, Gallimard; Langue et littérature arabes classiques, Collège de France.
Tahar Bekri
En souvenir de Guillaume Apollinaire
Notre mémoire,
La mer où tu dormis naguère,
Quand le temps n’avait pas de nom,
Reflux ; tu devins lumière,
Page insérée au droit des monts,
Falaise d’or vague, ou laiteuse
Compagne des chemins profonds,
Citadelles de roches creuses,
Villes fantômes où le soir
Ranime d’obstinées veilleuses
Dolines, margelles d’espoir
Gardant aux blés leur confidence
Ou la paix aux vieux abreuvoirs,
Blancs autels tendus à l’offense
Des pluies qui s’ouvrent peu à peu
La voie de secrètes mouvances
Frontons d’hermine ou longs épineux,
Gerbes illuminant la gloire
De grottes sur leurs cieux…
Beau calcaire, notre mémoire,
Avons-nous assez navigué
Sans nous soucier d’autre histoire
Qu’un baiser qui nous fut légué
A la pierre où nous allions boire ?
‘‘Beau calcaire, notre mémoire’’, Domens Eds Pezenas, 2002.
(Remerciements à Domens Eds Pezenas, Michel Cadmel et Michel Vidal, Président de l’Association Lo Picart).
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