Dimanche 31 juillet 2022, la Tunisie a perdu un grand homme, Aziz Zouhir, et les Espérantistes, un grand président. Il était un sportif accompli, un homme d’affaires raffiné et un gentleman discret. Il avait l’humilité des grands hommes.
Par Chedly Mamoghli *
Aziz Zouhir fut d’abord un sportif accompli. Champion de tennis avec un riche palmarès et faisant partie de la première équipe de Tunisie de Coupe Davis, dirigeant sportif aussi bien dans son sport de prédilection en ayant été président du Tennis Club de Carthage et vice-président de la Fédération tunisienne de tennis que dans le football en ayant été vice-président de l’Espérance sportive de Tunis avant d’accéder à la présidence du club Sang et Or suite au départ de Slim Chiboub en 2004. Une tâche tout sauf aisée, le club était dans l’œil du cyclone et beaucoup pariaient qu’il ne se relèverait pas du départ de Chiboub.
Des talents de manager
C’était ne pas connaître la grandeur de l’Espérance, une institution plus grande que tous les hommes et méconnaître les talents de manager d’Aziz Zouhir qui les a prouvés en réussissant sa mission avec brio.
Il aura été un président qui s’est investi pleinement dans sa mission, très présent et proche des joueurs. Son passage a été marqué par le beau doublé de 2006 et la Coupe de Tunisie en 2007 ainsi que de grands accomplissements dans les autres disciplines.
Aziz Zouhir le sportif, c’était aussi le mécène. Il soutiendra de jeunes sportifs dans différentes disciplines dont le tennis évidemment. Il créa en 2012 le Nana Trophy spécialement pour soutenir l’ascension de celle qui était à l’époque l’espoir du tennis tunisien Ons Jabeur et qui est devenue par la suite la championne que tout le monde connaît. Il continuera jusqu’au bout d’analyser le football et le tennis sur son compte Twitter avec l’objectivité et la pertinence du pro.
Aziz Zouhir fut également un authentique industriel qui a fait de l’entreprise héritée de son père, un fleuron de l’industrie tunisienne qui s’est imposée avec ses différentes marques aussi bien sur le marché tunisien qu’africain.
Aziz Zouhir était aussi le digne héritier de son père feu Moncef Zouhir, pharmacien, chef d’entreprise et également président de l’Espérance dans les années 1980 et de son oncle le bâtonnier Fathi Zouhir, illustre avocat, ministre à la fois sous la monarchie (gouvernement Tahar Ben Ammar) que sous la république (dans les années 1960) et qui fut président du Club africain, l’autre grand club de la capitale.
Un homme d’affaires raffiné
Aziz Zouhir était un homme moderne qui avait de la classe, un homme d’affaires raffiné et un gentleman discret, l’exact contraire des affairistes et des arrivistes qui adorent la lumière et qui font beaucoup de bruit pour que l’on parle d’eux car comme tous les gens qui ont de la valeur, il n’a pas besoin que les autres parlent de lui. Il avait l’humilité des grands hommes. Ainsi était Aziz Zouhir.
Aziz Zouhir aura été et restera un modèle à la fois pour les sportifs en tant qu’ancienne gloire du tennis mais aussi pour les dirigeants sportifs et pour nous Espérantistes, il aura été notre estimé président.
Juriste.
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