Le quart de finale de la Coupe du monde de football Qatar 2022 entre le Maroc et le Portugal, le samedi 10 décembre à 15 H (heure tunisienne), promet du spectacle et du beau jeu au vu de ce qui a été proposé jusque-là par les deux équipes.
Par Jean-Guillaume Lozato *
L’opposition entre Espagne et Maroc a été une mise en route prometteuse. Elle a donné à assister à une bataille tactique égayée par de nombreux gestes techniques, notamment par Sofiane Boufal qui n’a rien eu à envier sur son aile gauche à Cristiano Ronaldo en sachant enflammer la partie pendant les sept premières minutes.
Un match sans temps morts s’est vu déboucher sur une qualification au terme d’une séance de tirs aux buts mémorable tant la maîtrise marocaine et du gardien Yassine Bounou en état de grâce a été insolente. Au point que Achraf Hakimi se soit autorisé une panenka en toute décontraction.
Le Portugal, lui, a dégagé une impression de montée en puissance en infligeant une démonstration de force et de talent aux Suisses sur le score flatteur de 6 à 1. Des Lusitaniens qui effraient de plus en plus car pouvant se permettre de reléguer CR7 en personne sur le banc des remplaçants. Avec une arme supplémentaire nommée Gonçalo Ramos, jeune auteur d’un triplé et d’une passe décisive.
Quels choix? Quelles attitudes?
Maroc-Portugal ou Portugal-Maroc selon les sensibilités a tout de l’affiche somptueuse. Nous sommes en présence de deux équipes techniques et capables de jouer sur la rapidité. Mais les Marocains savent peut-être mieux gérer le jeu sans ballon, surtout face au 4-3-3 des Portugais qui parfois prend des accents espagnols par des redoublements de passes. Un côté ibérique tantôt hispanisant sur cet aspect du style de jeu, parfois bien intrinsèque en pratiquant une défense renforcée reposant sur le vétéran Pepe.
Selon le schéma tactique mis en place le coach Fernando Santos, l’entrejeu oscillera entre le segment et le triangle formé par les trois joueurs du milieu. Walid Regragui aurait tout intérêt à jouer la flexibilité sans miser sur l’attentisme car la conservation de balle portugaise exerce une forme de pressing haut.
Autre possibilité : composer un milieu à quatre avec ses membres non disposés en ligne droite ni en losange. Le parallélépipède aurait davantage la faculté d’isoler Bernardo Silva en l’encerclant. Plutôt que de pratiquer une vigilance presque marquage individuel comme sur Busquets et Pedri lors de l’épisode précédent.
Par contre, pour les hommes venus du Sud de l’Europe, l’opportunité d’une qualification passera prioritairement en évitant les contres sur leur flanc droit où Sofiane Boufal peut exceller. Un côté sur lequel ils s’étaient montrés très perméables pendant la défaite 2-4 l’an passé chez les Allemands à Munich. Surtout si les entrées en jeu de Zakaria Aboukhlal ou Bilal El Khanouss se produisent. Confrontés à un Sofyan Amrabat omniprésent en sentinelle, les Portugais devraient tenter plutôt des passes longues (avec Raphael Guerreiro lançant sur orbite un attaquant?) afin de mettre en difficulté le replacement de leurs adversaires.
Vainqueur possible et contestataires en embuscade
Toutefois, les deux formations se doivent de reconnaître que le Mondial n’est pas encore terminé. Une mise en garde qui s’adresse encore plus au Maroc qui avait déjà rencontré les Champions d’Europe de l’époque en s’inclinant par 1 but à 0 en Russie. Honorablement. Là il faudra viser nettement plus haut tout en se recentrant après une rare euphorie. La dimension euphorique c’est aussi le problème à gérer du Portugal qui s’est illustré avec son avalanche de buts.
Le quart de finale est un exercice des plus redoutables. Quelquefois plus dur qu’une demi-finale. Une manche qui conditionne un parcours. Et d’autres équipes attendent. Les attendent. Maintenant, chacune rêve de soulever la coupe. De la conserver comme c’est le cas de la France avec un Mbappé irrésistible et un Giroud inusable. De la saisir comme la Croatie médaille d’argent il y a quatre ans. Comme l’Argentine qui voudrait récompenser Messi. Comme l’Angleterre, le Brésil, les Pays-Bas. Que des hautes références.
Ce sera peut-être le plus beau match de la compétition que nous aurons à visionner ce samedi à 16h00. Qui va l’emporter? Dieu seul le sait. L’après-midi pourrait se conclure par une nouvelle séance de tirs aux buts tant les arguments des deux effectifs sont nombreux. Le vainqueur de cette opposition en sortira grandi et aura augmenté ses chances d’obtention d’un succès total. Le futur champion du Monde se cache-t-il derrière cette énigme? Le futur détenteur du titre parlerait-il arabe ou portugais? Les francophones et les slavophones sont en embuscade. Sans oublier les hispanophones. Les anglophones et les néerlandophones, synthèse entre anglicistes et germanistes, sont encore en lice. Mais attention la langue portugaise possède un autre joker: le Brésil lusophone…
* Enseignant de langue et civilisation italienne en France, auteur de « Italie – Tunisie : entre mitoir réfléchissant et miroir déformant».
Donnez votre avis