L’ancienne championne tunisienne de tennis Selima Sfar a fait exploser une véritable bombe dans le monde du tennis mondial, en révélant, dans un entretien au journal L’Equipe, qu’elle a été abusée sexuellement, à 12 ans et demi, par son ancien entraîneur Régis de Camaret.
Joueuse de tennis professionnelle de 1999 à 2011, première femme arabe dans le top 100 mondial, puis consultante pour beIN Sports en français et Al Jazeera en arabe, ambassadrice Lacoste, à la tête d’un club multisports de plus de 6 000 m2 en bord de mer à Gammarth, au nord-est de Tunis, Selima Sfar est, à 46 ans, une femme comblée. Mais elle traîne ce lourd secret depuis 35 ans. «Quand j’avais 12 ans et demi, j’ai été abusée par Régis de Camaret», témoigne l’ex-joueuse tunisienne, qui a décidé de briser le silence. Cela se passait dans son académie à Biarritz, en France, où elle a passé 4 ans.
«J’ai mis longtemps à me libérer. C’est un gros traumatisme. Quand ça arrive, on se dit : ‘J’ai tout sacrifié pour ça, il faut que j’y arrive.’ J’ai bossé comme une malade. Toute ma vie, j’ai pensé que j’étais faible, lâche, nulle. Jusqu’à ce que je comprenne. Aujourd’hui, à 46 ans, je peux parler parce que j’ai beaucoup travaillé sur moi et été aidée. La honte a disparu. Quand je pleure, c’est de l’émotion. Ce ne sont pas les mêmes larmes. La honte s’est transformée en fierté. Je suis fière de ce que je suis devenue», raconte la brave Selima.
La joueuse dit avoir passé 3 ans de cauchemar sous l’emprise de Régis de Camaret, condamné en 2014 à 10 ans de prison ferme pour le viol de deux autres mineures. «Je venais d’un pays arabe. Tout ce que je savais était qu’il était l’un des meilleurs coachs du monde, un peu « Dieu » dans le tennis en France et, si je voulais vraiment devenir championne, j’avais besoin de lui», raconte Selima. Qui ajoute : «À chaque fois, c’était la même chose, j’étais paralysée. Ça a duré pratiquement trois ans.»
Après un si long silence, la joueuse s’est résolue de «balancer son porc». Courageusement et avec lucidité. En pensant à toutes jeunes qui s’entraînent dans les académies de tennis et d’autres sports de performance. Cela n’a pas été facile et elle a dû faire un grand travail sur elle-même pour s’en libérer.
«Dans ma tête, je me disais pourquoi je n’ai pas eu la force de dire non, pourquoi je n’ai pas dit non, je suis lâche. Sur le court, à chaque moment où j’avais besoin de confiance en moi et de faire un choix, c’était hyper dur», raconte-t-elle. Et elle justifie sa prise de parole en ces termes : «Il a été en prison, il a été condamné. Coupable, il l’est et le restera toujours. Il a commis un crime, c’est une certitude mais le but de cette interview n’est pas de le blâmer. Il a fait sa peine. J’en parle parce qu’il y a encore beaucoup d’abus, pour toutes celles et ceux qui sont victimes.»
H. B.
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