La défaite concédée par l’Espérance de Tunis, vendredi 1er décembre 2023, face aux Soudanais d’Al-Hilal SFC, sur le score sans appel de 1 à 3, peut être considérée comme un accident de parcours, mais l’est-elle vraiment ? On peut être moins indulgents et émettre des doutes à ce sujet. (Illustration: Même s’il a été derrière les trois buts encaissés par son équipe, Mohamed Amine Tougaï ne porte pas seul la responsabilité de la défaite).
Par Imed Bahri
Certes l’Espérance jouait en déplacement à Dar Essalam, en Tanzanie, et le voyage a été particulièrement long. Les joueurs manquaient de fraîcheur physique et cela se voyait trop : ils n’ont à aucun moment pressé leurs adversaires et étaient dépassés à chaque fois que ces derniers, qui évoluaient eux aussi en déplacement, en raison de l’instabilité régnant dans leur pays, accéléraient le rythme. Ce qui a valu aux Sang et Or un retard de 2 buts dès les 15 premières minutes, suite à deux erreurs monumentales de Mohamed Amine Tougaï, dont la première a valu à son coéquipier de l’axe de la défense, Yassine Meriah, de marquer contre son camp (8e). La seconde erreur a obligé le brave gardien Amanallah Memmiche de commettre une faute dans ses 18 mètres synonyme de penalty marqué par Mohamed Abdel Raman (15e).
Le troisième but soudanais a été marqué en seconde mi-temps par Pape Ndiaye suite à une belle triangulation qui a laissé le même Tougaï et toute la défense espérantiste dans le vent (78e).
Des carences criardes dans tous les compartiments
Au-delà du résultat, ce qui inquiète dans le rendement de l’Espérance, c’est cette inconstance dans l’effort et ce manque d’engagement évident qui s’exprime par un jeu décousu, sans véritable ligne directrice ni idées claires et par une indigence offensive criarde. Ce qui fait que les rares occasions créées sont souvent ratées par des joueurs maladroits ou pas suffisamment concentrées. D’ailleurs, le but marqué par le remplaçant Kebba Sowe en début de seconde mi-temps sur un tir anodin de Houssem Tka, n’a pas été suivi, comme on s’y attendait, d’un rush espérantiste sur les 18 mètres soudanais, mais par une possession inutile de la balle et un jeu latéral, stéréotypé et ennuyeux, où seul l’Algérien Houssam Gacha a réussi à tirer son épingle du jeu en effectuant quelques débordements et centrages dont n’ont pas su profiter ses coéquipiers.
Après cette défaite, l’Espérance partage momentanément la tête du groupe avec Al Hilal SFC et Petro Atletico, en attendant le match de ce soir, à Radès, entre l’Etoile du Sahel et le club angolais. Elle pourra certes se racheter lors des prochains matches, mais il faudrait qu’elle sorte des matchs autrement plus consistants que ceux déjà joués contre l’Etoile et Al-Hilal. D’ailleurs, la victoire contre l’Etoile, il y a une semaine, était miraculeuse, car les Sang et Or aurait bien pu la perdre si les Etoilés avaient réussi à concrétiser les 3 ou 4 occasions de but créées en première mi-temps.
Défense lente, milieu poussif et attaque inexistante
Ce jour-là, l’Espérance avait aussi montré les mêmes faiblesses : une défense hésitante, lente et mal coordonnée, qui se fait facilement prendre par des attaquants un tant soit peu véloces, un milieu poussif qui a du mal à déborder la défense adverse et, surtout, une attaque où manque cruellement une pointe de métier. Avec un tel attelage, l’Espérance ne risque pas d’aller très loin dans la Champions League cette année.
Il manque aussi à l’équipe un milieu offensif créateur et buteur du niveau de Oussama Darragi, Youssef Msakni, Youssef Belaili ou même Saad Bguir, qui avaient fait le bonheur du public espérantiste au cours de la dernière décennie. Le Brésilien Yan Sasse n’a pas montré jusque-là les qualités l’habilitant à devenir un digne héritier de ces champions.
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